Kung-fu Zohra. Ça c'est un titre qui envoie.
Il y a eu Kung-fu Panda. Il y a maintenant Kung-fu Zohra.
Pas d'excitation, il n'y aura jamais de cross-over où Zohra affrontera Po.
Est ce que ce kung-fu sauce Zohra est un film de Kung-fu ? Pas vraiment.
Il y a du kung-fu, bien sûr, mais surtout à la fin. Il y a de nombreuses scènes d'entraînement, évidemment, mais peu de combats.
Ce n'est toutefois pas un problème. Car le sujet principal est la violence conjugale, l'emprise néfaste qu'un mari violent peut avoir sur sa femme. Le sacrifice d'une mère pour sa femme. Les pisse-vinaigre diront "pas très original cette thématique, qu'est ce qu'il veut faire en fait El Mechri ? Et gnagnagna, et blablabla".
Pour ma part, j'ai aimé ce film.
Cette histoire de femme battue qui veut s'élever face à l'adversité, se mettre au self-defense, avant de tomber sur un maître improbable qui va la former, ça me plaît.
La bande annonce est absolument géniale. Quand on la découvre la première fois, on tombe des nues.
Elle commence normalement, une histoire de femme battue donc, jusqu'à ce gros plan sur Ramzy Bedia qui se prend deux pieds dans la gueule au ralenti par un chinois volant...!? Non mais qu'est ce que c'est que ça ? La suite sur musique délirante promettant un sacré affrontement entre la femme et son mari.
Cette bande annonce, elle m'a donné envie.
Je n'ai donc pas attendu pour aller le voir.
Et je n'ai pas été déçu.
Bien sûr, je me doutais bien que ça n'allait pas être un film de Kung-fu traditionnel. Le kung-fu est bien présent, mais pas envahissant. Il sert le propos avant tout au lieu de lui nuire.
Au lieu d'avoir un énième film sur les difficultés sociales et familiales dans les cités où quartiers défavorisés, déprimant et tout sauf réjouissant, on a du kung-fu. Si c'est pas osé ça, si c'est pas original, si c'est pas ambitieux... Eh ben allez voir Kev Adams tenir la bite de Gérard Depardieu dans une Maison de retraite et faites pas chier. Y en a marre des éternels pisse-vinaigre insatisfaits qui font la fine bouche sous prétexte d'être... quoi au juste. Cinéphiles ? Intelligents ? Élitistes ?
Kung-fu Zohra n'est pas parfait, mais il faut lâcher prise parfois.
Mabrouk El Mechri s'est lancé dans un sacré projet qui a de la gueule et qui a des airs de vécu.
Sabrina Ouazani est exceptionnelle. Je n'ai pas les connaissances en la matière pour juger sa technique en kung-fu, je peux toutefois constater qu'athlétiquement, elle est largement au niveau. Je trouve de plus qu'elle est très bonne actrice. Elle a du charisme, et de la prestence, elle est parfaite pour le rôle.
Se dresse face à elle un Ramzy Bedia massif, à contre emploi, antagoniste manipulateur et violent.
Sabrina Zohra Ouazani va donc suivre un entraînement particulier pour pouvoir se défendre, prendre le déçu, pour enfin se libérer de son emprise.
Un entraînement lui permettant de se battre dans son milieu domestique (Kitchen !!!). On va donc suivre ses déboires, ses désillusions, son entraînement, jusqu'à ce fameux face à face.
On peut en parler si tu veux.
Et là ça déboite.
Un des plus beaux combats dans une (minuscule) cuisine.
Alors oui j'ai aimé.
La gentille, le méchant, le maître, l'entraînement, le combat final.
Un bel hommage aussi aux films de Kung-fu Hong-Kongais.
Mabrouk El Mechri s'offre une friandise (à nous aussi d'ailleurs) à la fin en proposant une belle baston entre Zohra et des vilains.
J'ai beaucoup d'estime pour ce film, son réalisateur et ses acteurs.
Une belle manière d'aborder un sujet grave en se faisant plaisir (que ce soit El Mechri ou ses spectateurs).
Mabrouk El Mechri a des idées, de l'inspiration, manie bien sa caméra, pour un exercice difficile (combat de Kung-fu entre amateurs dans un milieu très exigu). Il s'accorde des libertés très bienvenues malgré la gravité du propos (le chinois volant, la baston post-générique, la baston finale).
C'est une belle proposition, sincère et personnelle, pour un résultat plus que satisfaisant.
Un beau pied de nez aux idées machistes sur la place des femmes en cuisine...
KITCHEN!