Kursk, c'est l'histoire d'une tragédie qui aurait pu être évitée.


Le masqué te fera peut être passer à côté d'une autre en te précisant, cher abonné, que si tu veux prendre une place pour te payer une tranche de survival tendu et claustro, tu pourras aisément passer ton chemin amigo, tant le film n'en use qu'avec parcimonie.


Parce que visiblement, Vinterberg ne considère cet aspect que comme faisant partie d'un grand tout. Ainsi, excepté une double explosion qui prend littéralement par surprise, une inondation éclair et une séquence d'apnée des plus saisissantes, ce Kursk jouera bien moins sur la tension du huis-clos ultra confiné de l'épave que sur son groupe de survivants qui compte les heures et reprend espoir avant de s'enfoncer dans la colère en constatant que les tentatives de sauvetage avortent et tournent court.


Non, Vinterberg s'intéresse aussi à ce qui se passe dans la coulisse de cette catastrophe. Aux mensonges russes sur les circonstances de l'accident, histoire de ne pas perdre la face et de réaffirmer la menace de sa grandeur. A sa fierté nationale et à la raison d'état que la nation oppose à l'aide internationale sous prétexte de protéger quelque secret technologique daté.


Mais le pire, c'est ce déploiement de moyens obsolètes et insuffisants, montrant la Russie, qui prétend rester une nation qui compte sur l'échiquier de l'après guerre froide, comme dépassée et totalement à la ramasse. Obligée de vendre un module de sauvetage consacré à la visite de l'épave du Titanic (?), manquant de pièces de rechange (??) et incapable de recharger des batteries rapidement, c'est l'entêtement de la mère Russie à procéder elle-même au sauvetage de ses enfants qui causera finalement leur perte injuste.


Vinterberg ne se montre pas plus tendre quand il montre au spectateur ce qui se passe sur la terre ferme, lorsque les épouses sont laissées dans l'ignorance de la gravité de la situation et sont obligées de défier le black out de la communication militaire en plein rassemblement pour sauver les apparences d'un régime qui s'étouffe.


Et si à l'écran, Vinterberg a finalement choisi de faire endosser la responsabilité du refus à un simple amiral, il est évident qu'une ombre bien plus grande plane en coulisses. Que ce soit une volonté de ménager les susceptibilités ou un simple choix artistique, Kursk n'avait de toute façon pas besoin d'une telle dénonciation, tant ce qu'il décrit est proprement honteux, tant ce qu'il met en scène comme une simple fierté nationale nie les sentiments humains d'un peuple qui n'aspire qu'à la vérité.


Certains passages du film sont à l'évidence quelque peu romancés, mais Kursk demeure une oeuvre particulièrement intéressante sur le dessous des cartes à l'échelle de l'international et des affrontements que l'on croyait d'un autre âge. Et si je vois de loin arriver les éternels critiques en charentaises qui hurleront que c'est irréaliste de voir des russes s'exprimer en anglais, je leur répondrai dans un sourire qu'ils s'attachent à un défaut bien mineur en comparaison de la qualité de l'oeuvre.


Behind_the_Mask, en (sous-) marinière.

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le 4 nov. 2018

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