Kuzco, l’empereur mégalo fait partie de ces Disney trop injustement méconnus, voire mal jugés, alors que le film de Disney est une incroyable pépite drôle et chaleureuse.
Parmi toute la vague de vidéofilms commandés par Disney dans les années 1990 à 2000 pour proposer des suites ou des dérivés de ses grandes productions est donc arrivé ce Kuzco 2 en 2005. Ces dérivés ont leurs ambitions bien moins grandes que les longs-métrages pour le cinéma, mais qui se révèlent parfois suffisamment bien exécutés pour ne pas décevoir.
Kuzco et Pacha, héros du premier ayant eu leur histoire commune achevée, le rôle titre de cette suite est confié à Kronk, personnage fascinant et hilarant qui se démarquait déjà dans le film de 2000. Mais était-ce bien suffisant pour lui offrir le premier rôle ? Heureusement, sa personnalité amicale et fantasque, bienveillante mais aussi un peu simplette n’est pas trahie.
Dans cette suite, Kronk a donc quitté les bas de la vilaine Yzma pour s’établir en tant que chef cuisinier du restaurant déjà aperçu dans le premier. Mais un message de son papa vient tout bousculer, quand ce dernier lui annonce qu’il vient lui rendre visite. Kronk n’a jamais eu les encouragements qu’il attendait enfant, et il craint son jugement alors qu’il n’a jamais obtenu ce qui est pour son père l’accomplissement de tout homme : une belle maison, une belle femme et de beaux enfants.
Pourtant, à deux reprises, Kronk en a été proche, l’histoire opérant alors un retour dans le temps. Dans la première il raconte comment il s’est à nouveau acoquiné avec Yzma sans se rendre compte qu’il était dans l’erreur. En vendant des potions de rajeunissement qui n’en étaient pas, il a ainsi pu économiser pour s’offrir une belle maison, avant de comprendre qu’il ne pouvait le faire que sur le dos des personnes âgées crédules qui croyaient en lui. Dans la deuxième histoire, il raconte sa rencontre avec la meneuse de camps Ms Birdwell, d’abord rivale concurrente, avant qu’ils ne tombent amoureux, mais hélas cela ne durera pas.
Ces deux histoires racontées, son père arrive alors dans le paysage, tandis que ses amis tentent de l’aider, de façon bien maladroite. Le message final pourra apparaître bien facile, mais son humanisme réjouissant fait du bien. C’est que finalement dans ses erreurs et ses repentirs sincères, on ne peut qu’apprécier toujours plus ce grand dadais au grand coeur.
Cette suite reprend la majeure partie des particularités de Kronk, qui en font sa singularité, tels que son talent pour la cuisine ou sa connaissance du langage écureuil, sans vraiment en ajouter de nouvelles pierres. Mais l’ajout de nouveaux personnages permet de varier les relations de Kronk, dont celle avec son père et la crainte de le décevoir. Les personnages du présent sont présents, dont Pacha et sa famille ou Kuzco, et son ancienne maîtresse Yzma, mais dans des proportions moindres.
Le pouvoir comique de Kronk fonctionne par comparaison, il lui est plus difficile d’exister par lui-même car c’est sa différence par rapport à d’autres qui le valorise. Dès lors, la composition chorale du film lui permet à la fois de se mettre en avant mais aussi de ne pas gâcher sa personnalité hilarante. Sa naïveté et sa gentillesse font là encore des étincelles, même si le choc est bien moindre que dans le premier, où sa relation avec l’entreprenante et manipulatrice (mais parfois complice des envies de Kronk) constituait le socle des meilleurs gags du film. On rigole tout de même de bon coeur pour Kronk, pour ses répliques et ses actions, avec quelques bonnes scènes, dont un clip musical de cuisine qui constituera le sommet de la mise en scène du film, ou quand le film fait quelques références à Disney et même à Gollum. C’est tout de même moins le cas avec les interruptions de Kuzco pour commenter le film, qui « cassent » vraiment le groove.
Mais il ne faudrait pas oublier que les ambitions sont différentes. Et que même si Kuzco n’impressionnait pas pour ses séquences épatantes et spectaculaires, il proposait tout de même un trait un peu cassé, des jeux de couleurs ou une animation fluide. C’est bien moins le cas ici, où l’univers de Kuzco, dont sa démesure urbaine ou tropicale, est transposé à l’économie, sans grandes folies. L’aspect visuel est plus rond, sans artifices, et même Kronk semble avoir rétréci dans cette suite, bien moins massif.
Il aurait été cruel de casser le groove de Kuzco avec un produit dérivé fade, sans humour et des personnages creux. Ce n’est heureusement pas le cas, et sans prétendre se hisser à des sommets, cette suite qui offre le beau rôle à Kronk se révèle suffisamment plaisante pour offrir un bon moment devant.