Ce film biopic est géant. A l’image de l’Abbé Pierre (on se demande comment, avec une vie pareille, il n’y a pas eu plus d’œuvres cinématographiques sur ce personnage), ce film transmet la force de combat et aussi la colère face aux inégalités, aux sans voix et à l’égoïsme humain.
Le récit est bien construit et on ressent le grand travail de bibliographie et de recherche qui a été fourni pour l’écriture du scénario. La vie de l’Abbé Pierre est un récit épique rempli de combats. Des combats au sens littéral : un début sur la seconde guerre mondial, la résistance, les fusillades du maquis, et d’autres combats politiques et médiatiques. Tout ça nous emporte dans ce biopic fourni qui nous rapproche de la figure préférée des Français mais pas que ! Le film m’a permis de découvrir l’existence de Lucie Coutaz (interprétée par Emmanuelle Bercot). Sans tout dévoiler, il y a derrière la fondation d’Emmaüs mais également en tant que pilier de la vie de l’abbé, cette femme extraordinaire que vous allez adorer découvrir.
La réalisation est très bonne et permet de rendre ce film grandiose. Les scènes d’introductions et de conclusions surtout sont emprunts de cette force divine et mystique qu’un Homme peut ressentir en dressant le bilan de ses accomplissements, juste avant ses Grandes Vacances. Les images pour parler de la détresse et de la pauvreté des personnes sont crues et froides. On plonge tour à tour et au plus près des personnes mais aussi de la foule avec cette caméra parfois chamboulée, poussée et parfois fixe, froide. J’en profite pour préciser que j’adore l’affiche officielle qui mêle à la fois le coté médiatique de l’abbé et sa proximité avec les femmes et hommes qu’il aime profondément.
Pour interpréter ce personnage, Benjamin Lavernhe donne tout et c’est un plaisir et même un atout énorme pour le film. L’acteur est excellent et il arrive à jouer chaque âge de la vie. On ressent le travail d’incarnation et cela nous permet de voir ou revoir pendant ces 2h l’Abbé Pierre face à nous avec cette ferveur, cette voix et ces mimiques.
La musique est également très bonne et permet d’appuyer la grandeur (on y revient) du personnage.
Le film souffre du syndrome de la plupart des films biographiques qui me déplait personnellement mais qui ne vous gêne sûrement pas : la narration trop linéaire. Par ce point je veux dire que chaque moment de la vie se conclut par des écrans noirs avant un nouveau plan, indiquant date et lieu de la future étape de vie. Rien de gênant mais cela peut rendre le tout un peu redondant.
La séance se termine avec une bonne claque, un bon retour à la réalité ou le travail d’aide et d’humanité ne fait que commencer. Surtout avec les actualités et les défis à venir.
Je le conseille chaleureusement et en salle. Un grand film de 2023.