Nine killed you. Nine shall die! Nine eternities in DOOM!!!
Dans les années 1920. Anton Phibes est docteur en acoustique, musicologie et théologie, inventeur/automaticien et organiste virtuose. Il a été défiguré dans un accident et sa femme Victoria est morte pendant une opération. Il se fait passer pour mort et va méticuleusement monter une terrible vengeance inspirée des Plaies d'Egypte contre les neuf médecins qui l'ont opérée et qu'il estime responsables ...
Un sommet de théâtralité kitsch, surtout dans les scènes de la grande salle du repaire de style Art Nouveau / Art Déco, clairement les meilleures, de véritables tableaux, et durant ce début grandiose où le docteur joue la Marche de Guerre des Prêtres de Mendelssohn à l'orgue en prélude idéal à son massacre avant d'entamer une valse (qui ne rêverait pas de faire ça?).
Ce film sautera aux yeux des amateurs de The Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir), l'épisode "Games" de 1968 en particulier, réalisé par le même Robert Fuest, avec le même Peter Jeffrey. On y décèle un même goût pour l'étrange, la vengeance diabolique via des pièges à thème originaux et sadiques, avec en plus des bribes d'humour très noir. Et le dernier piège mortel est un précurseur de Saw, ni plus ni moins.
Les Plaies d'Egypte ne sont pas vraiment respectées (pas plus que leur ordre), les morts à coups de bestioles sont purement et simplement irréalistes, mais cela importe peu. On ne sait ni d'où vient Vulnavia, sa belle, gracieuse et mutique assistante (qui semble toujours prête pour un défilé de mode avec sa garde-robe impressionnante) ni pourquoi elle l'aide à accomplir ses meurtres et danse avec lui dans son repaire au décor changeant avec un orchestre d'automates gonflables pour les accompagner, mais à vrai dire on s'en fiche, c'est beau et c'est ce qui fait le sel du spectacle.
Le rôle de ce génie criminel, cet architecte de mort défiguré et "déjà mort" comme il le dit lui-même (son visage n'est plus que de la peau synthétique sur un crâne à la mâchoire décalée et il ne peut s'exprimer que de façon hachée et quasi-robotique via une sorte de micro de son invention monté sur un gramophone - tiens, Phantom of the Paradise est sorti trois ans après non?), ce revenant implacable, tragique, raffiné et extravagant, figure vengeresse semblable au Fantôme de l'Opéra semble avoir été taillé sur mesure pour Vincent Price, depuis les bustes de cire de ses victimes qu'il fait fondre (allusion à l'un de ses meilleurs rôles précédents), jusqu'à la scène de cuisine et celle où il jette un regard plein de mépris envers le médecin détenteur d'une oeuvre d'art immonde (Price était un fin gourmet et un historien d'art). Il était capable à lui seul de sublimer un film à petit budget tel que celui-ci même sans avoir beaucoup de dialogues ni mouvements faciaux (voire même de dos tant qu'à faire).