Une chose est sûre, ce thriller espagnol bénéficie d’une écriture implacable dans la gestion de ses retournements de situation et de ces multiples rebondissements. Dès le départ, la confrontation entre cette avocate et le suspect d’un crime pour démêler les fils d’une histoire remplie de faux-semblants nous tient en haleine pour ne plus nous lâcher jusqu’à l’ultime seconde. Le volte-face final est d’ailleurs sacrément étonnant et fait pour beaucoup dans la réussite de ce suspense hitchcockien. « L’Accusé » parvient à constamment rebattre les cartes et les points de vue pour nous embobiner de manière fluide et pertinente. Il n’y a donc rien à redire sur la qualité du script qui, s’il n’est pas d’une originalité sans bornes dans le fait de prendre le spectateur par surprise, arrive néanmoins à ses fins.
Le point négatif que l’on pourrait retirer de cela est en revanche la crédibilité de ce sac de nœuds avec maîtresse, accident, cadavre et prémices de procès. Le déroulement narratif constitué de flashbacks et de changements de points de vue est tout à fait adapté au plaisir du spectateur. C’est jouissif et ludique et on peut dire que ça passe magnifiquement à l’écran mais il faut avouer que tout cela semble quand même tiré par les cheveux et quelque peu invraisemblable par moments. Et lorsqu’on se remémore tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, il y a quand même des incohérences frappantes, un peu comme l’un des musts de ce genre de films à multiples tiroirs, l’excellent « Sexcrimes ». « L’Accusé » est donc davantage un film qui divertit en maintenant constamment notre attention et notre curiosité en émoi mais qui échoue à convaincre sur le pan de la logique et de la cohérence.
La mise en scène d’Oriol Paulo est toute aussi soignée que son script, se complaisant dans les tonalités froides et les plans fixes en grand angle. Il y a une certaine froideur, notamment parce que le long-métrage se situe pour une bonne part dans les montagnes espagnoles en hiver et entre les quatre murs d’un appartement ultra design, qui correspond parfaitement au contenu. Le quintet d’acteurs principaux fait le travail entre manipulation et dissimulation et on ne s’ennuie pas une seule seconde. On ne se souviendra peut-être pas de « L’Accusé » comme du thriller du siècle, comme il pêche par excès de zèle dans sa vraisemblance, qu’on n’est pas né de la dernière pluie et surtout qu’on a déjà vu cela en mieux. Néanmoins c’est un thriller haut de gamme hautement recommandable et efficace qui n’a rien à envier à ses cousins américains ou autres.
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