Passif sur la longueur, l'adieu rend un excellent hommage à la sobriété tout en excellant dans son genre. Tout d'abord, pour vaguement présenter le déroulement, le film se dessine en introduisant la maladie fatale touchant la matriarche de la famille. Peine à croire, le reste de son entourage décide ainsi de ne pas lui faire savoir. Après cette annonce choc, ses enfants décident d'organiser un faux mariage pour se retrouver auprès d'elle et assister à ce que nous pouvons appeler : ses derniers instants.
Ce qui va ensuite être démontré s'ancre principalement sur les themes de la culture chinoise, sur l'évolution de la société et la nostalgie familiale. À partir de ce moment nous reconnaissons que tout à une fin, c'est cette confrontation à la fatalité qui nous attarde sur des details auxquels nous ne faisions pas, auparavant, attention. Même en traduisant ce que cette poésie visuelle essaie de figurer à l'écran, l'interrogation principale est de savoir si oui ou non la vérité doit éclater. À defaut de vivre dans le mensonge, pouvons nous vivre sans même avoir peur. C'est tout ce que ce scénario veut démontrer, ces relations qui n'éclateront jamais, même apres la mort. Cette force qu'il est nécessaire de garder pour outre passer cette étape. De nombreuses scènes arrivent à démontrer ces arguments, en dénonçant qu'il est indeniable d'entretenir cette distance pour garder le lien avec celles et ceux qui ne sont finalement pas si loin que cela.
Seulement, là où le plaisir flanche, c'est ce non élargissement des autres personnages, car en effet le film se centre tout particulièrement sur cette relation petite fille / grand mère. Même si cela n'influe pas particulièrement sur la qualité visuelle proposée, ça régit tout de même une frustation de ne pas pouvoir découvrir en profondeur les autres personnes. Certaines scènes paraissent dénuées de sens, où moi personnelement je ne perçois pas comment il est possible de les inclure dans le raisonnement principal.
Lors du mariage, la camera tourne en accéléré et au ralenti durant le repas de la famille dont nous parlons. Il y a une deuxième partie du film qui essaie de se détacher de la première en tentant ce genre "d'acrobaties". Mais seulement, pour moi, ce genre de passages cassent le rythme dramatique et l'émotion ressentie alors jusque là.
Le film se scinde alors en deux parties et exprime un enthousiasme beaucoup plus malléable sur la deuxième. Celle ci plus distincte, s'empare d'une perception abondamment plus clivante.
Le fait est que pour traiter ce sujet, Lulu Wang s'entoure d'un décor plutôt morbide et non enclin à faire ressentir une quelconque joie. Cette sensation austère se limite, dans le raisonnement que nous voyons, à la perte familiale qui est exprimée. Seulement face à ce désespoir, certains signes surgissent et mettent en lumière ce que l'au delà tente de nous communiquer. Et à travers cette perte s'offre un potentiel espoir et une tentative de rédemption. C'est cette croyance limitée à certaines personnes qui tente d'évoluer et d'offrir un avenir radieux. Une mise en situation qui annonce le coup de grace, mais qui en faveur de notre propre culture, notre propre croyance, arrive à résister pour offrir un adieu qui n'est peut être simplement qu'un au revoir.