I'll come back !

J'avoue ne plus trop me rappeler ma lecture du roman d'Hemingway, mais de l'oeuvre d'un auteur habituellement sec et sans la plus petite parcelle d'emphase (et donc j'en conclus que son roman est aussi ainsi !), Frank Borzage a su y insuffler son style personnel à base de lyrisme, de mysticisme et de recherche de la pureté.

Donc on voit plus à travers ce film un film de Frank Borzage qu'une adaptation d'un roman d'Ernest Hemingway (qui a détesté le film, sans que l'on soit certain qu'il l'ait même vu !). On ne va pas s'en plaindre car après tout c'est le rôle de tout grand cinéaste qui se respecte d'apposer sa propre patte sur chacun de ses films.

Bref un film où chaque plan est soigneusement composé, avec souvent un choix dans le noirceur extrême ou, au contraire, dans la blancheur tout aussi extrême, chaque mouvement de caméra est d'une fluidité remarquable, et quelquefois même très audacieux, à l'instar de l'arrivée à l’hôpital en plan subjectif. La réalisation est, il faut le dire, très inspirée.

Côté scénario, le film de guerre n'intéresse absolument pas le réalisateur, c'est donc une histoire d'amour perturbée par la guerre. Pourquoi pas, cela ne fait que rendre encore plus puissant l'ensemble.

Il y a quelques bons dialogues, en particulier au début du film. Mention spéciale à la scène de beuverie, très sensuelle, où notre protagoniste masculin en état d'ébriété très avancé compare la beauté du pied à de la bonne architecture. Ou celui, tout mimi, où notre même protagoniste dit sur le ton de la plaisanterie à son amour qu'il n'a jamais connu de femme auparavant et que son amour, sur le même ton de plaisanterie, fait semblant de le croire.

Ah oui, la grande silhouette charismatique et sexy de Gary Cooper et celle petite et mignonne d'Helen Hayes forment un très beau couple...

Bon, la fin sur Tristan et Iseut de Wagner est peut-être légèrement too much, en tous les cas moins réussie, à titre de comparaison, que la fin, quasi-similaire pourtant, de Three Comrades du même cinéaste, mais bon... cela reste néanmoins un beau film d'amour.