L'Adverseur
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Critique écrite dans le cadre du blog Cannes Classics animé pour l'édition 2022
Pratidwandi s’inscrit comme un paria dans la filmographie de Satyajit Ray, mise à l’écart sans nul doute justifiable par la radicalité de son propos. En 1970, la majeure partie de l’œuvre du cinéaste indien est derrière lui, l’exploitation s’est faite rare et le long-métrage a rapidement (ou presque) disparu des mémoires collectives.
La sélection Cannes Classics eut la bonne idée de l’intégrer cette année, comme pour faire écho non seulement, au jubilé du métrage mais surtout, et ce n’est que théorique, à certains faits sociaux actuels que les plus fervents défenseurs humanistes aiment apparenter à de la dictature.
Cette parabole de la jeunesse post-révolte naxalite (qui par analogie, rappelle la jeunesse soixante-huitarde rarement dépeinte chez nous) s’éloigne radicalement de la langueur d’un Salon de musique et de l’hyper-impudeur d’une Charulata pour lorgner vers la fable sociétale pure. Tout en montrant sans tabou le désarroi d’un étudiant qu’on suit d’abord de façon anodine jusqu’à la mort de son père, nous assistons à la lutte interne cornélienne en écho au contexte socio-politique donné. Jamais lacrymogène et teinté de passages prêtant à sourire, Pratidwandi risque d’en déconcerté plus d’un tant l’austérité qui s’en dégage est de rigueur.
La particularité des corps de Pratidwandi est d’être en déambulation, tout en prétendant se soucier du temps, mais il n’en est rien ; Ray leur octroie arrêts sur image et ellipses innombrables nous privant de quasiment toute compréhension de l’avancement du film d’un point de vue chronologique. Un peu comme à l’image de la montre laissée tomber par Siddharta dès la séquence d’ouverture, et de cette réplique lancée en écho par rapport à cette transparence temporelle : « C’est comme si le temps ne voulait plus bouger ».
Le charme de son protagoniste repose par ailleurs sur la mise en avant quasi-permanente des expressions faciales, touchantes tantôt de candeur adolescente apparente, tantôt de fureur protestataire à en faire frémir Pierre Goldman. Il a un charisme indéniable et ses faits et gestes tiennent en haleine jusqu’à ce qu’on nous fasse savoir le moment où « tout part en vrille ». Généreux en plans serrés et en regards caméra créant une proximité entre nous et lui, le film prend rarement ses distances avec lui et s’attarde peu sur des plans plus « collectifs », ce qui créé comme un décalage intéressant avec l’issue finale.
Un film anarchiste à redécouvrir sans plus tarder, au moins, pour l’impressionnante mise en forme de son sujet et l’enivrante morale qui s’en dégage.
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Créée
le 21 mai 2022
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