Procès en huis-clos
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Le dernier chapitre de l’oeuvre de William Friedkin ne peut pas se regarder comme n’importe quel film. Et pourtant... Pas de sortie cinéma et expedié sans fanfare sur Paramount+. Tant pis. La qualité parlera pour l’artiste qui n’est plus.
Un mot sur le casting avant de parler du film. Superbe. On voit bien que tout le monde devant la caméra révère le réalisateur de French Connection, L'Exorciste, Sorcerer et Police Federale L.A. Ils voulaient donner le meilleur et bien plus. Pas une seule fausse note à tous les étages. Kiefer Sutherland, Jason Clarke, le regretté Lance Reddick dans son dernier rôle, l’ensemble du casting est impeccable.
Caine Mutiny est exactement comme on s’imagine Friedkin pouvait être en se basant sur ses interviews. Direct et intimidant. Pas de générique. Le titre apparaît et on est immédiatement plongé dans un film de procès dont on a du mal aux premiers abords à cerner les enjeux. Sur toute la durée du film, il y a une secheresse bienvenue. Pas de musique, pas de melodrame, pas de mouvements de cameras m’as tu-vu. La mise en scène est au couteau et au service de l’histoire et du casting. Rien n’est gratuit. Très peu de gros plan et donc de manipulation du regard. Juste les faits et rien que les faits. En cela, Friedkin transforme son art pour mieux refléter son sujet comme il l’avait toujours fait. L’histoire est simple. Un capitaine est relevé de ses fonctions par un officier et c’est a la cour martiale (et le spectateur) de découvrir la vérité. La défense et l’accusation présentent et manipulent les faits. Les joutes verbales s’enchainent et plus on en apprends, moins on sais ce qui s’est passé. Friedkin ne filmait pas. Il braquait. Notre regard, notre attention, nos croyances. Il manipulait le public pour mieux le choquer, l’impressionné, le confronté. Et dans son dernier film, il réfute ses instincts et décide de simplement montrer la manipulation au naturel. Chaque intervention fait pencher la balance d’un côté puis de l’autre jusqu’à une confrontation bouleversante qui incrimine. Le sort en est jeté, pense-t’on. Serait-ce aussi simple? Ce serait sous-estimé un des réalisateurs les plus doué de sa génération. Le final surprend mais se révèle surtout comme un aveu. La confession d’un homme manipulateur et manipulé qui faisait partie de l’establishment mais était férocement contre. Toujours difficile ces dernières oeuvre. Impossible de les séparer de leur créateurs. Le dernier mot ou geste est souvent perçu comme le salut de l’artiste à l’humanité. Nicole Kidman concluait Eyes Wide Shut par un simple fuck qui était thématiquement approprié et aussi probablement la pensée de Stanley. Le dernier geste de Jason Clarke ressemble clairement a du Billy Friedkin. L’homme qui terrorisait les studios et bouffait les execs au petit-dej. Lui qui avait punaisé les photos du conseil d’administration de la Paramount sur un panneau dans Sorcerer. Qui utilisait l’argent d’une corporation pour mieux montrer l’opression d’une mega entreprise puisant les richesses des terres sans laisser de miettes au peuple qui mourrait au nom de la sainte rentabilité.
Je m’égare mais Caine Mutiny est tout cela et plus. C’est des hommes et des femmes qui affrontent et confrontent leur idéologie et point de vue mais refusent d’assumé les conséquences de leur actions au nom de leur position hierarchique et sociale. C’est Friedkin qui fait un ultime doigt d’honneur au marasme des règles à suivre.
Créée
le 24 janv. 2024
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