Predator est un film parfait qui ne devraît pas l'être. Tout était contre lui. Production difficile, tournage en pause, design de la créature refait en milieu de production, JCVD qui pensait avoir décrocher le rôle titre et réalisait trop tard qu'il allait devoir être sous une montagne de maquillage et est parti voir ailleurs du côté de la Cannon. Un script ré-écrit par un jeune réalisateur inconnu dont le premier film, Nomads avec un jeune Pierce Brosnan, avait pas rapporté un rond mais plaisait à Arnold et Silver car il y avait du style et un vrai sens visuel. Tout ça pour dire que l'eau mouille, le ciel est bleu, les oiseaux chantent et Predator est parfait.
On est face à un film ou la caméra raconte l'histoire et traduit l'emotion et l'information par le mouvement. Dutch inspecte la forêt puis la camera fait le point sur le premier plan ou l'on voit du sang, Dutch s’éloigne mais on reste là. La caméra s’élève et fini sur le corps de Hawkins. Un exemple parmi tant d'autres ou la caméra est un narrateur actif et permet d'eliminé le dialogue inutile que McT deteste tant.
Et McT fait confiance au public et ne case sa première scène d'action qu'après 25mn. Le film s'ouvre sur un bref tease de l'élément SF et on y reviendra que bien plus tard. A la fin de la première scène d'action, justement. Mais pour l'instant, on est sur du classique "soldats en mission" et Predator fait souvent pensé à l'un des classiques du genre, Opération Burma! de Raoul Walsh.
La scène d'ouverture est très révélatrice de McTiernan. Aucun dialogue, un sens de l'espace hors du commun, une iconisation sans pareil de ses personnages. L'hélicoptère qui approche puis se pose et l'équipe qui descend l'un après l'autre pour finir sur Dutch. Arnold balance son sac et sort, cigare au bec. Deux plans et il n'en faut pas plus au futur réalisateur de Piège de Cristal pour crée son héros ou tout du moins, l'image. Car ce qu'est le héros, McTiernan va s'evertué a le remettre en question tout le long du metrage.
Predator a un scenario simple qu'il ne faut pas réduire à simpliste. McTiernan est dans l'elimination, la clarté et la simplification. Et le début du film est d’une efficacité digne d'Hitchcock. En 6mn, on sais qu’une menace venu de l’espace est là (le plan d’ouverture), un groupe de militaire va intervenir, Dillon et Dutch ont un passé commun mais le 1er a moins de bon sens et morale - (we are rescuers, not assassins, dit Dutch a Dillon à propos du job en Libye qu’il a refusé…), avec une ligne de dialogue, tout le personnage est exposé et nous avons pas besoin de plus.
Pour revenir à la caméra active, un autre bel exemple apparaît lorsque le groupe tirent à tout bout de champ au premier contact après la mort de Cooper/Jesse Ventura. Bill Duke est le 1er arrivé et fait feu… on voit le predator fuir et la caméra fait brièvement le point sur une plante aspergé de sang du predator… on le voit tout comme Anna le verra plus tard mais le groupe d'elite n'y fait pas attention. D'un coup, si on a fait attention, on en sait un peu plus que les personnages
Tout est fait pour que l'on comprenne ou sont les personnages à chaque instant mais ce qui n'empêche pas des fulgurances stylistique. Quand Hawkins/Shane Black est tué. La fuite de Anna qui demarre la scène a des plans qui encore aujourd’hui, sont juste incroyable. Ce travelling qui suit Dillon et Dutch et le reste du groupe, la caméra est en contre-plongé puis Dillon saute literallement au-dessus de la camera, on dirait un plan de comics qui prends vie sous nos yeux.
La musique d'Alan Silvestri est aussi sauvage et iconique que les images. Et le climax en crescendo, la regression d'Arnold qui devient aussi bestial que son ennemi même si en vrai, il évolue. Il reflechit, planifie et anticipe. Tout McT est là. Et il faut parler d'Arnold qui trouvait à l'époque son meilleur rôle. Le fait d'être entouré d'acteurs d'elite qui en voulait a crée un sentiment constant de competition et a contribué à rendre Arnold meilleur. Et donner la réplique au grand Carl Weathers est aussi un atout de poids.
Predator est un film parfait pour toutes ces raisons mais aussi car il est denué de pretention. Modestement, John McTiernan fait du divertissement intelligent avec des personnages intéressant et il essaye de montrer du jamais vu.