Relatant l'Affaire des poisons sous le règne de Louis XIV, Henri Decoin revendique une récit vrai issu de documents archivés. Cela n'empêche pas son film, tout en costumes et en intérieurs toc, d'être figé et et sans réalisme, à la façon du cinéma historique de l'époque. Le cinéaste réduit l'affaire à trois de ses personnages éminents et à certains faits sordides évoqués dans un décorum funèbre.
Il est question d'une empoisonneuse, d'un abbé sataniste, adeptes de messes noires, deux personnages authentiques, comme l'est la marquise de Montespan, favorite désormais dédaignée du Roi et tentée de se débarrasser de ses rivales par le poison. Danielle Darrieux incarne sans beaucoup d'inspiration cette Montespan au centre du récit, dont le personnage est le seul dont on connait les motivations. Les autres sont sans épaisseurs, leur dévoiement et leurs pratiques demeurent sans explication ni contexte. Précisément, le film nous oblige à aller chercher par ailleurs des éclaircissements relatifs au protagonistes et au sujet, lequel ne se résume pas au récit étriqué de Decoin. C'est dire s'il est lacunaire et insuffisant. Ainsi instruite, l'Affaire des poisons prend un caractère anecdotique qui ne justifie pas sa postérité historique...
Indépendamment, la mise en scène est planplan, limite soporifique. Le cinéaste a beau l'accompagner d'une musique omniprésente et emphatique, on ne trouve dans le film aucune intensité dramatique et pas plus d'envergure.