"Toute ressemblance ...que fortuite". On connait la formule mais le fait divers fictif de Cayatte n'est pas sans rappeler un drame bien réel.
Une enseignante, mère de famille, et son élève de 17 ans sont épris l'un de l'autre et la société en est heurtée. A tel point que tout le monde s'acharne sur le couple: parents du jeune homme, parents d'élèves et hiérarchie de l'Education nationale, police et justice, et même le corps médical. Tout y passe! c'est un broyage en règle.
Eventée par le préambule de Cayatte, pour mieux introduire son postulat, la fin est courue d'avance. De toute façon, tout est dit au bout d'une demi-heure; le reste est redondant et démonstratif. Mais laissez-les donc s'aimer!
Cayatte part encore en croisade contre l'injustice. Dans ce domaine, certains de ses films ont été brillants ("Nous sommes tous des assassins", "Le dossier noir"). Ici tout est appuyé (déjà le titre du film...), manichéen, et la province, ses notables, ses institutions, qui ne comprennent rien, qui ne voient pas la belle histoire d'amour entre Gérard er Danièle, sont bêtes à pleurer. Cayatte a la dent dure.
Au début, Annie Girardot et Bruno Pradal font illusion. Il sont modernes, soixantehuitards, ils sont forts dans leur tête. Bruno Pradal, impétueux, fait quand même, physiquement et mentalement , assez peu lycéen...C'est lé péché originel du film. Annie Girardot embrassant un vrai lycéen, ça aurait été autrement plus courageux et dérangeant. Donc, cette distorsion fausse beaucoup les données concernant le détournement de mineur.
Le film traine en longueur et ses excès -prison, hôpital psychiatrique- le font sombrer dans le grotesque (et la prison pour femmes tourne au fantasme de bonhomme!). Tous ceux qui incarnent la société corsetée et répressive sont caricaturés. Le comble, c'est que la passion irréductible entre Danièle et Gérard ne se ressent pas, pour la raison que Cayatte, tout à sa thèse, ne s'y intéresse pas en fait.
Un film bien maladroit.