Le Studio Canal, ce sont bien sûr des séries, les meilleures en France (en même temps, vu la concurrence…), mais ce fut aussi un collection de téléfilms de prestige ("Le Rainbow warrior", "SAC - Des hommes dans l'ombre"...).
"L'affaire Gordji" fait partie de ces créations originales de la chaîne à péage, qui s'offre pour l'occasion les services d'un réalisateur de cinéma, en la personne de Guillaume Nicloux.
Cette valeur ajoutée se ressent dans la qualité d'ensemble de ce téléfilm politique bien fichu, qui nous propose de revenir sur une affaire un peu oubliée de la Vème République, à l'époque où les attentats terroristes ensanglantaient (déjà) la capitale française.
Le juge Boulouque (Eric Elmosnino) est chargé de déterminer les responsables de ce carnage, provoquant indirectement la "guerre des ambassades" entre la France et l'Iran. Il paiera au prix fort sa détermination sans faille (et l'hypocrisie des autorités).
Si les faits sont exposés avec un maximum de clarté, et s'il est toujours grisant de se replonger dans la politique française des années 80 (la reconstitution s'avère très sobre), le film souffre néanmoins de son sujet assez ardu et pas franchement spectaculaire.
L'ensemble se révèle forcément bavard, et manque un peu de souffle pour captiver, malgré les efforts d'un casting peu ressemblant mais convaincant, à l'image du duo central Mitterand - Chirac (campés par Michel Duchaussoy et Thierry Lhermitte).
Après, tout dépend du degré d'attachement porté par chacun à cette période et à ses personnages emblématiques (Pasqua, Balladur, Léotard…). Pour ma part, j'ai suivi "L'affaire Gordji" avec un certain intérêt.