"L'affaire Maurizius" qualifie une probable erreur judiciaire que, 18 ans plus tard, le jeune fils du procureur qui condamna à la perpétuité Léonard Maurizius tente de corriger.
Au moyen de longs flashback, Julien Duvivier revient sur les faits qui ont valu à Maurizius d'être trop facilement accusé du meurtre de sa femme, et sur les scènes du procès qui s'en suivit. Malheureusement, la mise en scène est banale et on devine derrière ses artifices fumeux et complaisamment mélos que l'élucidation de l'énigme ne sera pas à la hauteur de l'attente. De surcroît, les personnages-témoins qui traversent le récit sont sans subtilité, incarnations conventionnelles d'une nature humaine et d'une société médiocres comme l'exige, forcément, le pessimisme naturel de Duvivier. Le cinéaste ne parvient pas à donner au sujet le ton venimeux et anti-bourgeois qu'il semble rechercher.
Précisément, au coeur de cette bourgeoisie suisse très proprette, Duvivier passe à côté du vrai sujet, à savoir l'attitude de la jeunesse devant les bassesses des ainés. L'opposition entre le fils du procureur et son père (intégrité contre injustice)ainsi que le conflit entre l'accusé et son père relèvent plus de l'anecdotisme romanesque que du pamphlet social.
L'interprétation est passable, et cette sombre plongée dans le mensonge, les égoismes et les petits intérêts ne provoque pas la nausée que Duvivier espérait sans doute susciter.