Voici un film passé complètement et injustement passé inaperçu.
A mon échelle très modeste, je veux réparer ça surtout parce que BlacKkKlansman de Spike Lee, son embarrassante antithèse est célébrée.
Ça ne m'étonne qu'à moitié qu'un tel film n'ait pas eu d'exposition. Comment en 2018 vendre un tel film, une telle anomalie ? La facilité n'intéresse pas Dan Gilroy, il veut parler de la complexité du monde et des êtres humains, de leurs qualités et de leurs failles et par extension du système dans lequel ils s'inscrivent. Quand il parle des droits civiques, il n'est pas dans l'angélisme, il pose les bonnes questions, met en lumière le combat face à la posture. Il détricote tout le système de pensée actuelle fondée sur l'indignation, la pleurnicherie, l'anecdote. Forcément, dans un monde binaire comme le nôtre, où la nuance et la contradiction par l'érudition n'ont plus droit de citer, le public bugue.
Gilroy applique cela à son personnage principal dans une étude de caractère fascinante entre Steven Spielberg, Vince Gilligan et Martin Scorsese. De par sa profusion scénaristique, le film désarçonne forcément car il change de cap très souvent, autant que son héros qui se retrouve ballotté entre ses convictions, son ego et sa survie. Pas aidé par une temporalité de trois semaines qu'on ne ressent jamais et qui apparaît peu crédible, le film veut probablement traiter un trop grand volume d'informations et de thématiques. Mais son approche est tellement à mille lieux du discours consensuel, tellement captivante que je balaye ce péché d'excès.
L'Affaire Roman J, c'est l'histoire passionnante d'un homme et de sa valise. De ce qu'il emporte avec lui, ce qu'il prend, ce qu'il donne, ce qu'il initie. Et de qui reprendra cette valise à son tour.
Et la réponse donnée est d'une classe folle.