Yves Boisset fait rarement dans la dentelle, et cela se ressent un peu dans cette « Affaire Salengro », pas toujours d'une nuance absolue concernant les différents personnages. Pourtant, cela ne m'a en définitive posé quasiment aucun problème, la période étant tellement intéressante et les événements décrits tellement forts que l'on se passionne presque de bout en bout pour ce grand oublié de la IIIème République, homme d'Etat profondément convaincu et intègre jusqu'au bout des ongles.
Cela fait du bien, à une époque où la politique en dégoûte plus d'un (à juste titre), de savoir que des hommes comme Roger Salengro ont existé, et de voir à quel point ils manquent aujourd'hui dans notre société. Mais au-delà de ces considérations, la forme s'avère également de qualité, classique mais ne tombant pas dans le spectaculaire facile, Boisset trouvant d'emblée le ton juste pour raconter cette histoire, triste et poignante, auquel l'excellent Bernard-Pierre Donnadieu apporte toute sa présence et son charisme, entouré par des seconds rôles presque tous irréprochables (Jean-Claude Dreyfus en tête). Bref, le reflet d'une époque (ah ! Les premiers congés payés) et une émouvante histoire qu'il fallait raconter : la télévision française comme on l'aime.