S’attaquer à des sujets aussi délicats que des faits réels de viols et de meurtres brutaux n’est pas une mince affaire. On connait en France le talent qu’à Bertrand Tavernier pour s’attaquer à des choses si complexes, parfois même politisées, et ici Frédéric Tellier arrive avec brio à rester dans cette lignée de films intelligents, remettant en cause nos convictions.
Même si dans la forme générale du récit, L’affaire SK1 ne bouleverse pas nos habitudes, c’est dans sa manière de traiter le jugement de Guy Georges qu’il reste le plus intéressant. On y découvre un homme brisé, clamant son innocence, dans le calme mais aussi parfois la colère, protégé par une défense clamant la présomption d’innocence. On y apprend les faits, les détails qui étaient passés quelque peu à la trappe durant l’enquête. On y découvre d’ailleurs l’envers d’une enquête complexe, durant laquelle a été engagé le fichage des criminels par leur ADN. Au final les scènes les plus violentes sont des scènes d’enquête, où l’incompréhension et la colère de ne pas trouver le coupable tranchent avec le calme apparent du tueur, qui avouera finalement ses actes de manière sordide face à un enquêteur déterminé. Étonnement, on ne ressent aucune haine envers Guy Georges, justement ici présenté comme un monstre non pas créé par des conditions sociales mais par nous-même, la société. Un être sans cesse rejeté, auquel tout a été retiré à tel point qu’il n’avait plus aucune identité.
Rien n’explique ses actes, mais le film est suffisamment intelligent pour insinuer la problématique dans nos esprits, à tel point que lors de ses aveux, ce n’est pas lui mais nous qui nous mets les larmes aux yeux. A travers une réalisation de très bonne facture, jamais indécente, et une reconstitution très précise des faits, Frédéric Tellier s’avère aussi bon que son aîné, et nous livre un grand polar français.