Quand on lance la lecture du documentaire Netflix L'Affaire Watts, on pense tenir le nouveau maillon d'une chaîne de true-crime dont la plateforme au N rouge est devenue l'actionnaire. Pourtant, quelque chose d'inattendu se produit. Sur le papier le fait divers, aussi macabre soit-il, ne fait pas mentir les statistiques sur l'issue ou ne surprend guère dans son déroulement. Alors pourquoi cette nouvelle page criminelle parvient-elle à capter l'intérêt ?
Eh bien, sa structure la rend inédite. Pas de voix-off, pas de reconstitution, pas de manipulation malsaine pour faire grimper le suspense, pas de "à suivre" indécent,...Bref, un documentaire qui se déleste d'une bonne partie des tropismes habituellement disséminés dans le genre. Que reste-t-il ? Les images. Caméras-piétons des policiers, captures d'écrans des messages sur les réseaux sociaux, les sms, les photographies, les interrogatoires filmés,...La chronologie est droite, et presque tout ce qui est présenté à l'écran est réel : ce qui arrivé le jour J, les semaines suivantes, etc...Alors bien sûr il reste une forme narrative mais elle est rudimentaire, Jenny Popplewell entend bien nous plonger aux premières loges d'un mystère qui peu à peu va disséminer son venin alors que le brouillard se dissipe.
Si L'Affaire Watts prend aux tripes, c'est parce qu'il arrive d'abord à prendre au piège son spectateur, en particulier le plus averti qui pense connaître suffisamment les rouages pour résoudre l'énigme. Il y avait probablement matière pour ajouter une partie sur le pouvoir de manipulation des images que le documentaire ne semble pas vouloir aborder. Dommage car fondamentalement, c'est ce qui le rend opérant. Mais on ne peut que féliciter la réalisatrice de tenter une nouvelle approche pour le genre, coupant un peu le romanesque sans perdre de sa puissance. J'espère que cette tentative ne restera pas lettre morte.