Après avoir vu ce documentaire singulier, je ne savais pas trop quoi en penser et encore moins quelle ”notation” je pourrais lui attribuer.
Il représente une première dans le genre, donc il en découle un ressenti jamais éprouvé jusqu’à ce jour, auquel il m’est difficile de mettre un chiffre.
En fait, sa seule ”caractéristique” est que ce n’est pas du cinéma avec des acteurs qui jouent un rôle. Ce n’est pas non plus un docufiction.
Nous n’avons droit qu’à des images d'archives, des films personnels, des publications sur les réseaux sociaux, des messages texte et plusieurs enregistrements, aussi, des forces de l'ordre.
Ironie, des plus cyniques j’en conviens : c’est Shanann Watts la victime elle-même qui, théâtralisant le quotidien de sa vie à outrance sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) a fourni le plus d’éléments permettant ce documentaire.
Quant au fait que certains trouvent abject une telle réalisation, il doit être précisé que la famille de la victime a non seulement donné son accord mais que le frère de Shannan Watts a écrit le 1er octobre : "Je vous recommande fortement de le regarder. C'est sur Netflix". Il a souligné l'importance de ce documentaire pour lui et sa famille : "Ce documentaire donne à ma soeur une voix et elle parle à travers lui. Il montre aussi ce qu'était sa vie avant l'arrivée de Chris et à quel point elle était heureuse avec sa magnifique famille, jusqu'à ce qu'il la trompe, se transforme en personne différente et devienne ce monstre." Dans un autre post, il s'est réjoui du succès du documentaire aux États-Unis et au Royaume-Uni
Chris Watts, le meurtrier, est emprisonné à vie. Il ne peut pas et ne verra sans doute jamais ce film. Cheryln Cadle qui a rencontré Chris Watts en prison et a livré son témoignage en a dit ”il est curieux, même s’il déteste le fait que certaines informations très privées aient été dévoilées. Le documentaire révèle en effet des SMS échangés entre la mère de famille et le père qui s’apprêtait à passer à l’acte. «Cela lui rappelle d’horribles souvenirs de 2018. «Chris sait que toute sa vie est là, sous l’œil du public. Il déteste ça. Il ressent beaucoup de honte. Mais il sait aussi qu’il est responsable de ce qui lui arrive.”.
Je pense que les vidéos les plus "éprouvantes" (consternantes aussi) sont celles des deux petites filles heureuses, toujours souriantes, auxquelles le père semble très attaché, et qui pourtant ira jusqu’à les sacrifier.
Cela étant dit, le documentaire est intéressant à suivre car le montage permet au spectateur d’être totalement "immergé" dans l’enquête dont le réalisme ne peut qu’être saisissant. Il peut suivre jour après jour (même heure après heure) la chronologie de l’affaire.
Abominable bien sûr, atroce même quand on voit cet homme demander de l’aide pour qu’il retrouve sa famille, alors qu’il vient de tuer son épouse, enceinte, et leurs deux petites filles. Toutefois, cette haïssable attitude m’a rappelé tous ces assassins qui ont en plus témoigné, devant les caméras de télévision, avant de passer aux aveux.
Notamment David Hotyat qui parlait de la famille Flactif dont il avait tué les 5 membres, ou Cécile Bourgeon demandant de l’aide pour qu’on retrouve sa petite Fiona, sa fille, ou Patrick Henry qui disait devant les caméras ”ça fait mal au coeur pour les parents” en parlant de ceux du petit Philippe Bertrand qu’il avait tué. On pourrait citer bien plus récemment encore l’affaire Jonathann Daval.
Je pense aussi qu’il y a eu un inévitable tri dans les documents donnés, il suffit de lire tous les articles sur l’affaire pour être à même de le noter.
En conclusion, l’ensemble de cette "première", dans ce genre documentaire, permet une immersion jamais vue et plus que convenable. Ce n'est pas une réalisation qui justifie, tout au moins à mon goût, une note extraordinaire mais la moyenne me semble méritée.