Après le très surréaliste "Chien andalou" (avec la fameuse scène de l'oeil coupé), court métrage étonnant autant qu'obscur qu'on résumera aux tourments d'une jeune couple, vient le moyen métrage "L'âge d'or".
Si dans leur première collaboration, Luis Bunuel et et Salvador Dali revendiquaient l'absence totale de sens et d'idées rationnelles, "L'âge d'or" dessine, au-delà des inventions incongrues et surréalistes, une satire sociale, laquelle se place entre un préambule enforme de documentaire animalier consacré au scorpion et un bref épilogue narrant les sinistres orgies d'un cénacle de bourgeois et de religieux au visages christiques...
Le film suscita l'indignation des partis de droite: on le conçoit! Contre les valeurs bourgeoises, Bunuel encense l'amour fou et le désir, voir la luxure. Lors d'une inauguration officielle, le couple que forment Gaston Modot et Lia Lys fait l'amour dans la boue et, séparés, les amants n'ont de cesse de se retrouver.
Dans ce fatras d'images insolites et provocantes, on verra toutes sortes d'atteintes à la morale d'alors, aux convenances, à la religion (Modot passe par la fenêtre un évêque entre une girafe et une herse!), à la famille (un enfant est abattu à la carabine pour une peccadille).
Sur des musiques de Wagner, Beethoven, Schubert, Bunuel réalise un film non pas comique mais réjouissant par son audace formelle et spirituelle, anarchiste d'une certaine façon.