Les risques du réchauffement scénaristique

Le petit écureuil Scrat (voix : Chris Wedge) ayant déclenché une catastrophe cosmique bouleversant l’ordre des planètes, une pluie de météorites s’abat sur Terre, suivie de près par un énorme astéroïde risquant d’éradiquer toute forme de vie sur la planète. Sid (voix : Elie Semoun), Manny (voix : Gérard Lanvin) et Diego (voix : Vincent Cassel) sont contraints de suivre Buck (voix : Emmanuel Curtil), de retour du pays des dinosaures, qui a un plan pour le moins improbable...

Cinquième volet de la franchise, sans doute le moins bien accueilli, L’âge de glace : Les lois de l’univers est bien la preuve de l’essoufflement d’une saga inégale mais souvent hilarante. Pourtant, au vu du néant artistique et scénaristique que laissait craindre la promotion du film, la surprise est plutôt au rendez-vous.
Sur le plan scénaristique, le film n’est pas aussi travaillé qu’il aurait pu l’être, mais il tient à peu près la route, quoiqu'on retrouvera toujours la même rengaine de l'exode causé par une catastrophe naturelle. Du côté de l’humour, on rit bien plus que la bande-annonce, d’une impressionnante platitude, ne l’aurait laissé supposer. Quoiqu’inégal, l’humour est donc bien au rendez-vous, même s’il se confine à certains personnages, tels que la mémé de Sid, avec ses réflexions aussi hilarantes qu’incongrues, Scrat, aussi souvent drôle que lourdingue, ou Buck qui, malgré ses lourdeurs, nous offre la meilleure scène du film, à savoir une lutte contre des dinosaures voleurs d’œufs, qui prend la forme d’un virtuose plan-séquence sur l’ « air de Figaro » du Barbier de Séville, de Rossini. A l’image de cette scène, le film parvient à nous offrir suffisamment de bonnes idées pour séduire les plus jeunes et obtenir l’indulgence des plus grands, ou en tous cas les mieux disposés.
Mais certaines idées se trouvent très mal exploitées, telle que la cité de Géotopia, certes une splendeur visuelle, mais qui n’a rien à faire dans l’intrigue, et qui, pour le coup, nous donne l’occasion d’assister aux blagues les plus tristes du film, ou bien un trio de méchants dinosaures, dont on n’arrive jamais à ressentir l’importance de la menace. De même, les réalisateurs tentent de nous intéresser encore une fois aux problèmes familiaux de Manny, mais décidément, on n’en a vraiment rien à faire...
Si on parvient à passer sur ces longueurs, ainsi que sur les inévitables allusions en-dessous de la ceinture, on pourra tout de même se laisser séduire par cette aventure, certes trop déjantée, mais qui en met suffisamment plein les yeux, et les oreilles grâce à la partition épique de John Debney, pour remplir son cahier des charges. On en conviendra tout de même, d’un commun accord avec la grande majorité des spectateurs, qu’il est temps que les studios Blue Sky passent à autre chose que cette saga, qui prend davantage des airs de réchauffé à chaque épisode…