Une comédie familiale sympathique, mais paresseuse et sans réel intérêt, outre sa dimension sociologique.
En effet, on peut observer dans "L'âge ingrat" la France des années 60 dans toute sa splendeur, en plein cœur des Trente Glorieuses et avant que mai 68 (ente autres) ne vienne bouleverser ce bel ordonnancement.


On assiste en effet à la confrontation de deux pères de familles sur le point de marier leurs enfants, deux jeunes gens qui se sont rencontrés sur les bancs de l'université, en dépit de leurs racines géographiquement opposées : les Malhouin sont des normands qui vivent en région parisienne, tandis que les Lartigue sont des méridionaux bon teint, installés dans le Var.


Après "La cuisine au beurre", sorti un ans plus tôt, Gilles Granger surfe sur la vague et lance le deuxième round du combat entre la Provence et la Normandie, cette dernière étant cette fois représentée par Gabin plutôt que par Bourvil, Fernandel conservant ses prérogatives de sudiste dans les deux films.


Evidemment, les deux personnages présentent des différences de façade (celui de Fernandel étant naturellement plus hâbleur et agité), mais dans le fond il s'agit du même archétype de français moyen, l'un étant un commerçant qui roule en Citroën, le second un contremaître qui préfère la Peugeot 404.
C'est sans doute en partie pour cette raison que leur fâcherie semble si artificielle, puisque leurs disparités ne sont qu'accessoires, et qu'au fond ils sont d'accord sur l'essentiel.


Le scénario n'est donc qu'un prétexte à montrer des Français en villégiature au bord de la mer, à un public qui s'identifie pleinement et qui n'attend que ça (près de 3 millions d'entrées).
Même si ce cadre des vacances à la Sempé fait naître une certaine fascination nostalgique, on est en droit d'attendre davantage d'un long-métrage de cinéma, surtout lorsque les têtes d'affiche se nomment Gabin et Fernandel.
Or l'affrontement des deux monstres sacrés nous laisse sur notre faim, par un défaut flagrant d'écriture, non seulement au niveau du scénario, mais surtout des dialogues. En effet, Pascal Jardin n'est pas Michel Audiard, et les envolées verbales restent rarissimes.


En regardant "L'âge ingrat", on devra donc se contenter de l'évocation délicieuse d'une époque révolue, celle de nos grands-parents, matérialisée par la présence de seconds rôles savoureux, qui incarnent bien ce "cinéma de papa", à l'image de la jeune et jolie Marie Dubois, de la docile et soumise Paulette Dubost, ou encore du toujours vert Noël Roquevert.
Quant au fils Lartigue, il est joué par un certain Franck Fernandel...

Val_Cancun

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