Même après La Chevauchée fantastique, John Wayne a continué à tourner quelques westerns de série B, à l’image de cette Amazone aux yeux verts dont il est l’instigateur. Faute d’unité, l’ensemble laisse quelque peu perplexe. Alors qu’elle est d’une limpidité exemplaire, l’intrigue est incroyablement alambiquée et perd parfois le spectateur. Si c’est la règle dans les films noirs, on est ici loin de cette ambiance. Les femmes de l’histoire sont davantage partantes pour la romance plutôt que pour les coups de poignard dans le dos. Le ton est globalement à l’humour, notamment avec la présence de Gabby Hayes en vieux compagnon bougon porté sur la bouteille.
Dans le même temps, l’aspect western reste plutôt mineur. Une petite chevauchée, une partie de poker, un saloon, quelques grands espaces, mais pas de véritables scènes d’action propres au genre. Le dénouement ne donne même pas lieu à un gunfight. L’amateur de western peut donc être déçu face à la mollesse de l’ensemble. On se souviendra cependant comment la fille aux yeux révolver obligea le grand John Wayne à faire bonne figure après avoir essuyé une pluie de plombs (scène amusante mais qui envoie cette fois le film sur le ton presque de la parodie).
Il ne reste du coup que le Duke, qui n’a jamais été aussi misogyne qu’ici, Ella Raines en cowgirl au tempérament de feu (mais qui tombe amoureuse au premier regard), Ward Bond en méchant et Gabby Hayes en vieux ronchon pour tenir un film qui, s’il reste divertissant, manque singulièrement de rythme. Ne sachant que très rarement sur quel pied il doit danser, il échoue dans sa volonté de combiner western, film noir, comédie et romance. Il faut dire que même un John Ford, avec un tel scénario, n’aurait pas réussi à trouver cet équilibre.