L'appel de Nanarland était trop fort : jugé unanimement mauvais, voire comme l'un des pires films français de ces deux dernières décennies, j'ai enfin saisi l'occasion de découvrir « L'Américain », qu'il sera difficile pour quiconque de considérer comme un chef-d'œuvre incompris. Pourtant, j'ai envie de le défendre un peu : sincèrement, je ne le trouve pas beaucoup plus nul que d'autres comédies françaises, le duo Mathias Mlekuz - Doud en amis balourds ayant même réussi à m'arracher quelques sourires.
De plus, même s'il y avait clairement moyen de la rendre plus savoureuse, éviter la conclusion
« finalement, rien de plus beau que son pays et donc sa nationalité »,
que je voyais pourtant venir à des kilomètres, c'est plutôt bien joué. Enfin, Patrick Timsit réussit de temps à autre une tentative d'absurde, notamment cette
improbable volonté de la planète entière à vouloir devenir américaine si la demande de Francis Farge venait à aboutir (en réalité un « fantasme »),
plutôt sympa.
Le problème, c'est qu'il y a aussi tout le reste. Déjà, une comédie où vous ne riez quasiment jamais, c'est assez problématique. Cette idée de départ a beau être improbable voire stupide, poussée jusqu'à l'irrationnel, cela aurait pu donner quelque chose d'étonnant, d'autant que Timsit n'épargne pas son héros, d'une intelligence souvent plus que limitée.
Seulement, rien ne fonctionne vraiment : que ce soit
ce village entièrement transformée à l'heure ricaine, ce pseudo-savant interprété par l'ami Patrick « himself » ou encore cette courte partie sur le « territoire » US,
on sent souvent un potentiel sympa, tournant régulièrement à vide par la paresse du scénario, amenant un rythme souvent laborieux et des situations répétitives
(la caricature du gouvernement américain et des services de sécurité : dur),
d'où seul émerge vaguement ce patriote français lourdingue, équivalent « inversé » de notre héros.
À ce titre, l'interprétation est un autre gros problème, Lorànt Deutsch n'étant clairement pas à la hauteur, pas plus qu'une Émilie Dequenne étonnamment transparente, probablement son plus mauvais rôle. Seul Thierry Lhermitte tente de garder un minimum de dignité, soutenu, donc, par les amusants copains de Francis. Bref, quelques bons points et de très gros loupés pour une comédie qui, sans justifier une réhabilitation (loin de là), ne mérite pas cette réputation de quasi « Plan 9 from Outer Space », et ce qu'il soit français ou américain.