A travers ce documentaire, filmé sur 18 mois entre 1957 et 1959, François Reichenbach filme les Etats-Unis, ce pays si proche de nous, mais si lointain dans ses us et coutumes...
Il faut se remettre dans le contexte de l'époque, à savoir qu'on n'allait pas si facilement en Amérique en prenant l'avion ou le bateau, le cout n'était pas le même, c'était donc un rêve pour des tas de gens, qui ne pouvaient fantasmer le pays qu'à travers essentiellement le cinéma.
François Reichenbach a un regard d'anthropologue sur le pays, qu'il semble découvrir en même temps que nous, par un commentaire souvent amusé, étonné, où on passe aussi bien par New-York que la Floride, en passant par Los Angeles ou le Texas. On voit pêle-mêle des habitants revenir au temps du Western le temps d'un week-end, une célébration californienne pour l'ouverture d'une salle de sport, la préparation d'un shooting photo sur une plage, la préparation au métier de strip-teaseuse, des enfants qui jouent, des futurs pères qui se forment grâce à la Croix-Rouge à prendre le bain à leurs bébés, un autre père qui assiste à un accouchement via un écran vidéo.... La forme réside dans le fait que personne n'est interviewée, ou alors les quelques propos sont doublés, et que les bruits d'ambiance sont pour la plupart refaits, avec plusieurs voix-off, féminines et masculines.
Le titre vend bien ce qu'on voit durant 90 minutes, à savoir un versant plutôt méconnu des Etats-Unis, loin de la politique, des moments heureux de la vie de tout les jours, avec des gens qui ne semblent pas gênés d'être filmés, alors que là non plus la chose n'était pas courante à la fin des années 1950.
J'avoue avoir un faible pour ce genre de documentaires, car ils sont les instantanés d'une époque, ici, celle d'une Amérique multiraciale, pluriculturelle, où tout semble aller bien, vivant le boom économique du moment. Plus que les journaux et archives de la télévision, c'est dans ce genre de films-là qu'on verra ce que fut cette époque, qui ouvrait de ses bras la société telle qu'elle sera vingt ans plus tard.
Ce qui le rend passionnant.