Dernier film de la série Comédies et proverbes, L'ami de mon amie est un marivaudage qui raconte comment une fille discrète (Blanche) rencontre une future amie (Léa) bientôt séparée de son Jules, lequel ira avec la première. Ça va, vous suivez ? A cela s'ajoutera un deuxième homme qui rencontrera Léa, mettant en doute l'amitié entre les deux femmes.
Dit comme ça, c'est confus, et ça fait penser aux Feux de l'amour. Mais Eric Rohmer a un je ne sais quoi qui m'attire dans ses histoires ; je vais me répéter avec Pauline à la plage ou Le rayon vert, mais il parle tellement bien de l'amour (ici, au sortir de l'adolescence) que ça me touche à chaque fois, et c'est tellement simple. Dans un sens, c'est un marivaudage qui rappelle une de ses premières œuvres, La Boulangère de Monceau.
Les deux actrices principales, Emmanuelle Chaulet et Sophie Renoir, sont très bien, car elles représentent deux personnalités relativement opposées ; Blanche y apparait comme réservée, pure (d'où son prénom) et Léa a un tempérament plus direct.
Les dialogues, contrairement à ce qu'on pense, ne sont pas improvisés, mais sont le fruit de longues répétitions, et on a souvent droit à de longs monologues de la part des acteurs sur ce que représente l'amour pour eux.
SI Rohmer filme toujours de manière simple, il situe l'action à Cergy-Pontoise, qu'on appelait alors une ville nouvelle, et on voit très bien cette naissance avec ces bâtiments flambants neufs. En cela, et par les tenues de ses protagonistes, il représente aussi une photographie de la nouvelle société française émergeant à la fin des années 1980.
Le film est peut-être moins fort que Pauline à la plage ou Le rayon vert, mais je reste encore très intéressé par cette veine romantique de Rohmer, d'apparence très simple mais ô combien travaillé mais qui parle de l'amour comme peu d'entre eux.