L'Amiral est une romance de guerre. Ajoutez à cela que le film est russe, et le mélange est assez bouillonnant. Peut-être pas dans bon sens, d'ailleurs ; le montage initial est encombré, les scènes s'enchaînent sans vraiment de lien entre elles, et le mixage du son est assez étrange (on croirait que les personnages sont post-synchronisés parfois, tellement que leur diction est dégueu est embrouillée sans contrastes dans le fond sonore). Les moyens financiers se font sentir, provoquant la petite gloire de bons effets visuels (quoiqu'un peu trop vidéoludiques par endroits) mais la première partie reste difficile d'abordage.
La structure du film est à double tranchant : elle est efficace mais dissimule trop, par son hyperactivité, des éléments qui paraissent superflus sur le coup, et nous laissent dans l'ennui jusqu'à ce que leur usage soit tardivement justifié. Je ne reproche rien au procédé en lui-même, mais à sa discrétion ; on doit déjà composer avec un script mené à la baguette et il est difficile d'avoir des yeux autant pour la romance que pour la guerre que pour lui. Le rythme est trop forcé.
Le véritable point positif de L'Amiral, c'est la reconstitution militaire, dans les combats et sur la stratégie ; les Russes ont toujours été forts à ça, et on aura du plaisir à la voir retranscrite sous des dimensions budgétaires hollywoodiennes. Même si cela participe à créer une impression générale difficile à juger (bien qu'elle soit bonne) car elle nous met mal à l'aise ; la guerre est trop bien faite, l'amour trop dur. L'inspiration est une histoire réelle, et on la sent transpirer sous une réalisation qui se voulait pourtant divertissante.
Et puis certaines choses sortent comme de nulle part : l'autorité ? La victoire ? La jeune femme qui se retrouve dans les années 1960 en tant qu'actrice ? Certes, ce passage sert une vocation historique d'autant plus poignante qu'elle donne à assumer la réhabilitation des contre-révolutionnaires (je devrais trop spoiler pour expliquer pourquoi, mais l'idée n'est pas mauvaise), mais il présente du coup une certaine lourdeur.
C'est pour cela qu'en dépit des costumes et du reste de la reconstitution historique et militaire, et malgré le périple transsibérien des soldats fuyant en Sibérie, l'ambiance peine à percer. Sans doute la maîtrise russe du thème de la guerre ne se prête-t-il pas à fusionner avec les blockbusters.
Quantième Art