Vertiges de l'amour
A l’entendre parler, Alain Cavalier n’a jamais commencé le cinéma. Il le réapprend tous les jours, sous toutes ses formes, au téléphone, à la caméra portée, stabilisée. Le cinéaste français est un...
le 8 mai 2023
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A l’entendre parler, Alain Cavalier n’a jamais commencé le cinéma. Il le réapprend tous les jours, sous toutes ses formes, au téléphone, à la caméra portée, stabilisée. Le cinéaste français est un des grands amateurs du naturalisme au cinéma, depuis toujours. La démarche qu’il entreprend avec l’Amitié est un processus simple qui consiste à détailler le caractère unique de trois de ses amis, à l’occasion de trois visites chez eux. Leurs parcours sont différents, mais ils ont tous ce regret en commun de ne pas avoir pu faire ce qu’ils voulaient vraiment dans leurs vies respectives. Ce portrait filmique, évoquant autant la personnalité du réalisateur que ses semblables, est magnifique.
Le réalisateur fait preuve de beaucoup d’humilité à se penser comme simple spectateur parmi les autres, à pouvoir faire du cinéma. Comme il l’exprime si justement, tout le monde peut faire du cinéma aujourd’hui. Le format documentaire choisi par Cavalier est très bien utilisé ici, exploité sur la durée entière du long-métrage en caméra portée, où ce dernier dialogue avec ses amis en questionnant leurs envies, rencontres du passé et leurs affinités artistiques. En distillant beaucoup d’humour sur les différentes séquences, il familiarise son spectateur à l’amitié qu’il éprouve à l’égard de ces sujets cinématographiques. Il faut également reconnaître que la démarche employée est suffisamment réfléchie pour ne jamais répéter les mêmes échanges, travaillant le rythme à l’écran en permanence où déplaçant sa caméra pour filmer tout simplement ce qu’il trouve joli autour de lui.
Le film est ainsi pensé pour mettre en lumière les amis du réalisateur, de telle sorte à ce que ceux-ci ne soient pas perturbés à l’idée d’être filmés. Leurs traits de caractère posés, c’est la joie de l’homme derrière la caméra qui se ressent à chaque minute, souhaitant filmer le plus ce qui pourrait retranscrire au mieux le quotidien de ses amis. La démarche respire la sincérité, et bien que le sujet ne s’aventure jamais vers des contrées renouvelées entre les différentes rencontres, c’est bien cette simplicité du même questionnement à leur égard qui fait effet.
Du cinéma modeste, merveilleusement simple, ne délivrant pas de message, mais retranscrivant trois parcours différents et proches à la fois. Si Cavalier avait déjà exploité le portrait cinématographique dans ses 24 portraits d’Alain Cavalier (1987), consistant à filmer 24 femmes différentes dans leur quotidien, il réitère ici sa démarche avec grande réussite. En mettant en valeur constamment leur présence et absence par tous les moyens à sa disposition, l’improvisation des échanges avec les intervenants captive et l’authenticité des échanges en ressort grandie.
Le réel, toujours le réel donc. Alain Cavalier filme trois amis dans l’Amitié, leurs chagrins, regains de joie entre temps. Au plus près d’eux-mêmes, il leur donne chair et âme devant la caméra. Des vertiges de l’amour, et un cinéaste bien résolu à s’incarner en filmeur sensible.
A retrouver ici : https://cestquoilecinema.fr/critique-lamitie-vertiges-de-lamour/
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Créée
le 8 mai 2023
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