L'Amour a ses raisons ou Manuale d'Amore 3 ; comment ça, une suite à ce doublet de pompes à eau de rose qui flanchaient déjà sous le chiffre deux ? Ah, mais y'a Robert de Niro ?
Bon, tout cela ne voulait bien sûr rien dire, mais ça prépare le terrain à l'agréable surprise qu'est ce troisième volet de la série de Giovanni Veronesi. Il est clairement mieux que le 2 ; quant à le comparer au premier, c'est impossible bien que la formule soit la même. Le 3 est à la fois plus moderne et plus grotesque, alimenté par une chasse à la gloriole qui permet l'envolement de certaines scènes, mais n'aide pas d'autres à sortir de leur bassesse. Carlo Verdone, qui participait beaucoup à la construction des premiers films, est ici emprisonné dans un rôle étroit qu'il ne perce que par d'occasionnelles mimiques empâtées.
C'est vraiment De Niro qui fait toute la différence, et de toute évidence, son rôle a été écrit sur mesure ; à moitié comique, à moitié américain, son accent est à moitié audible, pourtant il ne fait pas les choses à moitié. L'Amour a ses raisons mérite donc un siège dans le panthéon des « 3 » réussis, pour ses reliefs soignés, ses émotions qui prennent leur dimension au-delà du jeu d'acteur, et pour De Niro. Et il n'est pas un chef-d'œuvre parce qu'il reprend indifféremment les parangons de l'amour, même si là aussi l'innovation marque ; les acteurs reviennent pour enfiler les mêmes costumes sentimentaux, et les clichés naissent de ce que les scénaristes n'ont pas voulu les laisser éclore. Mais c'est un film plaisant.
Quantième Art