Dans le registre de l'Ovni, je demande l'Amour braque, dont le titre n'est pas excessivement explicite. Vol au-dessus d'un nid de foufous aurait été plus pertinent, La Boum 3 au pire.
Je ne sais pas quelles étaient les intentions artistiques de Zulawski derrière ce film. Si c'était pour nous permettre d'admirer sa future compagne, l'intention est louable, et le film, assez généreux il faut l'admettre.
Maintenant, si on persiste à vouloir regarder le film pour autre chose que sa fantastique actrice, il faut s'accrocher un minimum. En dépit d'immenses jeux d'acteurs et de quelques plans vraiment sublimes, l'amour braque est le fils bâtard d'une relation incestueuse entre un vaudeville qui croit avoir tout inventé et un musée d'art contemporain plein de prétention. Et c'est bien dommage, parce que le potentiel est immense quand on prend le temps d'essayer de comprendre ce bordel.
Pour faire bref, tout est trop excessif, ou presque. Les dialogues lunaires et abstraits au possible s'additionnent à une hystérie collective, que rien ne peut arrêter. Si le but est de rendre le spectateur plus fou encore que son héros, l'Amour braque est plutôt efficace. Certaines scènes en bénéficient, certes, notamment la scène d'introduction absolument déroutante. Mais les trois quarts du temps, c'est avant tout un effet de style indigeste à défaut d'être indigent. Ok, Tchéky Karyo, Francis Huster et Sophie Marceau sont impeccables, et ont un niveau de dévotion exemplaire. Mais je reste persuadé que l'on pouvait tenir là un drame des plus intenses avec un peu plus de subtilité, tout en conservant les figures du fou et du simplet.
Que retenir au final de l'Amour braque? Les scènes de fusillade sont froides et brusques, très sincères. La musique, parfois trop rare, apporte un certain cachet. La scène d'amour dans la 1ère partie, enfin, offre peut-être le seul moment de repos pour les oreilles, et montre un rythme et un état d'esprit qui aurait été parfait tout le long du film. Zulawski avait de l'or entre les mains, mais je crains que dans sa folie, il ne l'ait tué.
Une chose est sûre, si je devais le revoir, ce ne serait pas pour de bonnes raisons.