L'amour louf
L'Amour Ouf restera avant tout un bon souvenir de projection en salle puisque j'étais accompagnée de ma maman qui était adolescente lors des années 1980 et qui avait envie de replonger dans sa...
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le 19 oct. 2024
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Au bout de 1h20 de film, je me suis demandé comment les gens avaient pu être si stupides. Comment ce publique de snobs cannois avaient pu passer à nouveau a coté d'un film aussi généreux, puissant, juste et visuellement éblouissant que l'Amour Ouf, projet somme et gargantuesque, qui méritait mieux que tout ce que j'avais lu avant de m'y plonger, le jour de la sortie.
Au bout de 2h40 de film, j'avais tout compris, et rejoint en partie les critiques. Je ne me savais pas capable d'un grand écart aussi massif, vraiment.
L'amour OUF est un chef d'œuvre dans sa première partie. C'est simple, hormis la scène d'introduction in medias res (nous reviendrons dessus), TOUT marche. De la réalisation tout bonnement sublime, totalement barge sur ses mouvements de caméra, sur son rendu pellicule granuleux et pourtant toujours sublime, ses couleurs vives et toujours pertinentes, au fil narratif qui se déroule avec une fluidité exemplaire, sans ennuyer une seule seconde. Jusqu'au jeu des acteurs, qui réussissent l'exploit vraiment inattendu de faire regretter le changement d'acteurs du milieu, tellement leur jeu est naturel, honnête, touchant. Tout dans cette première partie m'a touché. Le montage clippesque mais qui n'oublie jamais de recadrer ses choix dans un récit, n'oublie jamais d'où il vient et où il veut aller, mais aussi l'innocence du point de vue, la bienveillance du regard qui est posé sur ces gens, alors qu'il aurait été tellement simple de les juger, ne serait-ce qu'un peu, quand ils sont en tord.
La scène du procès est déchirante, et révèle bien à quel point le film est juste sur ses relations entre ses personnages. Le geste du père, pour ceux qui s'en souviennent, est pour moi la preuve d'un recul absolu sur le récit. D'une justesse infinie, d'un brutal qui aurait pu être casse-gueule, et pourtant totalement logique. Les larmes. Les grosses larmes.
Et là, vient la deuxième partie. Par où commencer ? Qu'est ce qui c'est passé ? Où est passé la subtilité d'un mouvement, des effet de style, d'un choix de musique, d'un regard ? Elle est encore là quelques minutes pendant les premières minutes de la deuxième partie. Dans la relation qui lie un temps le patron et l'employée, dans les jeux de regards, dans les subtiles envolées lyriques qui vendent l'évolution de la relation. Dans les regards de Civil, qui apprends que son monde s'effondre. Ces choses là marchent.
Mais le reste ne marche plus. La magie disparait scène après scène, et le ridicule pointe son vilain nez. Une cabine téléphonique, un couché de soleil, un "accident" de voiture, et un magasin de grande surface... Tout est laborieux. On questionne la crédibilité de tout. On se demande qu'est ce qui est arrivé à la justesse du regard qui était posé sur Clotaire et Jackie, qui ne s'aiment plus comme des oufs, mais simplement comme de fous.
Et puis revenons sur la scène d'ouverture, qui est tout bonnement impardonnable, qui amène la notion de putaclick au cinéma. Qui doit se défendre, d'une certaine façon, mais qui en vérité ne sert aucunement le propos du film. On dira que le changement à la fin relève du fait de "choisir l'amour", mais en vérité, ne pas finir le film sur un retour à la réalité, sur cette même scène d'ouverture, est un sacrilège. Le film aurait pu bien finir, mais avec cette scène d'ouverture, impossible. C'est une occasion manquée impardonnable, d'autant plus que le procédé est grossier et franchement pas à la hauteur.
Et puis les deux scènes de fins sont tout bonnement horribles. La scène dans le magasin est insoutenable de malaise. Les dialogues sont d'un ridicule abyssal. La thèse est totalement floue, et on abandonne toute notion de crédibilité. Horrible.
Pour conclure, il y a des choses formidables dans l'Amour Ouf. Des choses qui m'ont fait bondir de mon siège de plaisir, qui m'ont fait me mettre la main devant la bouche, simplement éblouis par les propositions filmiques qu'on me mettait devant les yeux. Le plus grand défaut du film c'est de nous montrer la lumière pendant 1h20, et de nous la montrer s'éteindre de plus en plus, pendant les 1h20 restantes.
Mais il reste que faire naitre la lumière, c'est déjà fabuleux. Et je repars avec des images folles en tête, des performances mémorables et une fin de film au combien frustrante, mais qui ne me fait que me rendre plus compte de la perfection de son début.
Un bon 6.5 sur 10, que j'arrondis à 7 par amour OUF pour la première heure du film.
Créée
le 17 oct. 2024
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