Gilles Lellouche aime le cinéma. Il aime quand la caméra bouge, quand il y a une belle image, et ça se voit. Le film est ambitieux de ce point de vue, et agréable à regarder. Et c'est justement parce que c'est "beau" que j'ai tenu les 2h40. Car niveau scénario c'est aussi creux que l'image est belle, aussi vide que les plans sont remplis, et surtout, jamais l'émotion ne vient remplir ces vides et soulever mon petit cœur d'artichaut qui pourtant ne demandait que ça, le petit coquin.
Bien sur je parle pour moi, au vue des notes et appréciations, beaucoup ont du être emporté par leurs émotions, et tant mieux. Mais non, là, ça ne prend. Ça ne prend pas parce que Lellouche rate à me rendre ses personnages sympathiques pour créer de l'empathie et me bouleverser. Ça ne prend pas parce qu'on me balance trop à la figure de regarder, de m'émouvoir. Ça ne prend pas parce que le film se prend pour son personnage principal, petit caïd persuadé d'avoir tout compris alors qu'il fonce dans le mur en faisant du bruit pour pour qu'on le voit exister, qu'on face attention à lui. Et surtout, ça ne prend pas, parce que j'ai vu l'année dernière le même genre d'histoire d'amour, mais réussie : 16 ans, de Philippe Lioret, petit bijou de sensibilité, qui arrivait à peindre un portrait incroyablement touchant de l'adolescence et des premiers amours, sur fond de peinture sociale. Et on y croyait.
C'est bien là le problème. Ici, je ne crois à rien, je ne rentre jamais dedans. Tout est là, tous les ingrédients, mais mal dosés, mal mis en valeur. Un histoire pleine de questions sans réponses, de facilités scénaristiques. C'est posé là comme sur l'étal d'un boucher. Je vous mets un peu d’histoire d'amour, une tranche de contexte social, une barquette de nostalgie années 80/90, du haché de petits gangsters de province. Oh et y'a un peu de gras partout, j'vous le laisse ? C'est comme si Lellouche s'était fait débordé par son projet qu'il avait trop rêvé, trop imaginé, trop écrit et réécrit, sans jamais réussir à relier tous les points pour les faire fonctionner ensemble, et finissant par en faire un étalage de marchandise plutôt appétissant mais pas très équilibré.
Oui je sens de la générosité derrière tout ça, l'envie de bien faire, d'en mettre plein la vue (un peu trop parfois), et surtout de s'amuser. Mais moi je ne m'amuse pas autant que lui. Et encore une fois, c'est tout à fait regardable, appréciable à bien des égards, on sourit un peu devant les deux ados qui se tournent autour parce que c'est mignon, mais on est bien loin de la folie annoncée.
Bref, il n'y a pas de magie, pas d'étoiles dans les yeux, pas de cœur qui palpite ou d'yeux qui dégoulinent... En un mot (ou presque) : c'est pas ouf.