Janet Gaynor toujours superbe comme la rosée printanière, chacun de ses plans étant désormais une rasade de nectar, est cette fois-ci moins innocente, plus libérée et mature. Elle montre ses jambes entièrement ce qui suffit à donner des sueurs et c'est une sacrée bonne idée de la découvrir plus entreprenante avec toujours son aura solaire et son innocence qui perdure. Mais c'est déjà plus tout à fait le même trip.

Plusieurs plans-séquences dont l'ouverture de malade sur le quartier de Naples avec plans rapprochés au milieu posent directement le niveau perfectionniste de la réalisation. Cette fois la fin, c'est brume sur le port à la place de neige sur la gare ou étoiles sur les toits de Paris, c'est classe aussi. Borzage sait toujours comment bien finir, à chaque fois avec le petit détail qui démultiplie le sentiment amoureux, ici l'icône de Janet.

Subjectivité on.

Mais j'ai moins aimé quand même. Ce mensonge monté à la base juste parce que Janet a volé un peu de nourriture dans une assiette, mince il en veut ce carabinier tout de même, laisse deviner la suite jusqu'à la fin beaucoup plus étirée et attendue que dans "Lucky Star" ou "L'Heure suprême". Ce n'est pas que je connaisse mieux le schéma de Borzage, je ne pense pas. Cette fois-ci, Charles Farrell est davantage une victime moins responsable et habité d'une mission bienfaitrice, plus en proie au désenchantement un peu forcé de perdre sa muse.

Le schéma amoureux passe surtout par de longues phases de déprime avec gros violons répétitifs, conséquences des malheureux quiproquos qui font que contrairement à d'habitude, les moments amoureux sont moins étendus, posés et intenses et se résument pour ainsi dire à des moments où ils sifflent toujours leur même mélodie romantique italienne à la... Mmh... Il y a toujours quelque chose de plus ou moins désagréable pour gêner la plénitude des moments purs aussi, et ils manquent d'un équilibre habituellement si paisible et enchanteur. S'il vous plaît monsieur Borzage, n'appuyez pas le malheur, laissez ça aux japonais comme Mizoguchi, ils connaissent... Du coup, j'ai trouvé ça un peu forcé et la fin hyper attendue un peu démotivante.

C'est donc magnifiquement filmé et Janet Gaynor est une nouvelle fois parfaite mais j'aime moins l'histoire plus prévisible et adepte de la dépression et du quiproquos mensonger assez gros sabot avec un Charles Farrell un peu moins éclatant et un peu trop siffleur.

Subjectivité off.

ça reste super beau.
drélium
7
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le 3 mars 2013

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drélium

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