Baroque, maladroit, somptueux, troublant, dérisoire, inspiré, "L'Ange Noir" est tout cela à la fois, pour le plus grand plaisir des fans de Brisseau (que nous sommes), et pour le plus grand désarroi des autres. S'inscrivant dans la grande tradition du mélo hollywoodien qui cumulait les artifices pour mieux atteindre la vérité, Brisseau dresse dans son théâtre d'ombres, de faux-semblants fascinants, le portrait presque mythologique d'une femme double, secrètement meurtrie, rebelle. Film mental autant que sexuel, jonglant audacieusement avec les clichés du mélodrame et du roman-photo, "L'Ange Noir" frôle souvent le ridicule sans jamais y sombrer, et tourne souvent à la violente critique sociale, ce qui n'est pas son moindre charme. [Critique écrite en 1995]