Première belle originalité de ce Film noir : après un meurtre initial des plus classiques, le scénario fait le choix très habile de
donner le premier rôle à celle que l'on voit habituellement un instant avant de disparaître immédiatement du récit : la femme de l'accusé,
accompagné pour l'occasion d'un des amants de la victime dans sa quête de vérité.
À partir de là va se mettre en place un suspense plutôt original aussi bien dû à l'élégante mise en scène de Roy William Neill (dont ce sera d'ailleurs le chant du cygne) que l'habile adaptation faite du roman de William Irish, évitant systématiquement tout manichéisme pour nous offrir des personnages complexes, tourmentés, où rien n'est aussi simple que les apparences ne le laissent croire, l'occasion d'apprécier la belle prestation de Dan Duryea dans un registre inhabituel, bien secondé notamment par la délicate June Vincent et le toujours magistral Peter Lorre, ambigu à souhait.
Le tout dans un beau noir et blanc nous faisant oublier qu'il s'agit d'un petit budget, l'évolution du récit offrant quelques réelles surprises, notamment lors d'une dernière ligne droite filmée comme un « cauchemar éveillé », non dénué d'émotions dans sa révélation finale et ses conséquences. Une réussite, illustrant avec talent le savoir-faire de l'époque pour offrir au spectateur un suspense novateur et de qualité.