Voilà un aspect de la guerre souvent ignorer dans les oeuvres de fiction : le point de vue des médecins et ici le point de vue d'une infirmière.
D'emblée la mise en scène nous fait rentrer dans l'ambiance de l'arrière front : répétition des plans qui empilent les blessés à demi-vivants. C'est très cru et tout suite nous savons que en tant que spectateur nous ne serons pas épargnés. Il en ressort tout de même une profonde beauté. Toute cette dernière est portée par le personnage principal. Au début c'est bien une infirmière ordinaire comme le montre la scène du discours de l'infirmière en chef. Elle est rangée comme les autres, discipline militaire oblige. Même si elles ne combattent pas, elles devront suer pour contribuer à l'effort militaire.


Puis vient cette scène de viol collectif qui n'est pas montrée mais dont on imagine le suplice. Là Nishi comprend toute l'horreur qu'elle va devoir endurer. Après tout c'est la troisième à se faire violer. C'est au front qu'elle "traverse l'enfer". Encore une fois la mise en scène répétitive montre bien ces corps qui s'entassent inlassablement. Ces corps qui ne sont plus humains. Les vivants se font amputés et les morts sont juste des plaques qu'il faut noter dans un carnet.


La grande réussite du film est l'ambiguïté. Non seulement Nishi pardonne à son bourreau et voulant lui donner une transfusion, mais surtout c'est la relation qu'elle entretient avec le médecin chef qui est vraiment belle. Elle se développe, se fixe, chancelle puis meurt. On a ce médecin-chef désabusé, shooté à la morphine, avouant lui-même n'être que le gardien de la porte de l'enfer. Puis Nishi, par son pardon, lui rappelle son rôle de médecin, de sauveur. Et c'est véritablement comme ça que ce conclut le film, sur un sauvetage, une rédemption malgré la mort dans un plan large finale déchirant.

Vanbach
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le 7 mai 2020

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Vanbach

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