A condition de bien vouloir se perdre dans le labyrinthe formel de Resnais, "l'Année dernière à Marienbad" constitue un fascinant voyage (en tout cas bien supérieur aux expérimentations du Nouveau Roman, dont il s'inspire et dont Robbe-Grillet est à l'époque le principal leader...). Car le plus admirable, c'est bien que, sur une partition aussi concertée, voire géométrisée à l'extrême, le film échappe à la gratuité, sans doute grâce à la légéreté divine des travellings et la musicalité du dialogue leitmotiv : le dédale voluptueux du château de Marienbad, lumineuse forêt vierge de marbre et de miroirs, transforme les tourments de ses invités en pure féérie mentale. [Critique écrite en 1981]