Comme une succession de monologues durant lesquels on tente d'approcher de l'âme d'Erwin/Elvira, de ce qui s'est passé à Casablanca, de ce qu'Anton représente pour ce personnage.
Femme trans et pourtant : Erwin/Elvira semble avoir été pris·e dans la malédiction des enfants qui croient tout ce qu'on leur dit au premier degré. Après avoir été doublement abandonné à son sort par sa mère, Erwin devient boucher dans un abattoir, vit un amour hétérosexuel, devient père, s'éprend d'un homme, se fait femme (Elvira) pour pouvoir revenir dans le carcan hétérosexuel, sans jamais revoir l'homme pour qui le grand saut aura été commis.
Tout du long, on ne saura pas exactement pourquoi cela s'est fait de cette manière ni ce qu'Erwin/Elvira espérait de la vie à chaque étape, pourquoi presque toutes ses relations sont toxiques, pourquoi elle regarde la mort d'un air si calme. Tout ce que l'on sait, c'est l'impossible connexion au monde. D'autant que la plupart des personnages interagissent peu, ils et elles monologuent les un·e·s pour les autres, parfois de manière brillante, mémorable, d'autre fois d'une manière grinçante et difficile à suivre.
Au fond, c'est un film pessimiste, voire dépressif, ce qui résonne avec la vie personnelle de Fassbinder à cette époque. Il y a quelque chose d'assez rude et difficile, que ce soit dans les images (la scène de l'abattoir est particulièrement crue), et dans les propos de personnages souvent désabusé ou aliénés que l'on croise.