On précise avant toute chose, à voir les notes catastrophiques qu'essuie L'Année du requin : on comprend totalement ceux qui ont détesté, le nanar des Boukherma étant un produit qui s'adresse à un public-cible aussi fin qu'un cheveu, et nous-mêmes ne comprenant toujours pas comment on a pu se trouver dans ce public élu, on ne le conseillera donc qu'aux plus audacieux (zinzins). On y allait sans aucune conviction (l'affiche est la beauferie incarnée, certainement voulue, mais qui ne nous attire pas), et finalement on a plus adhéré qu'au précédent Teddy des frères Boukherma. On s'est pris à sourire face à quelques idées décalées, ce qu'on n'attendait pas : le flic qui boit des Pom'Potes (et sa collègue qui dévisse longuement ce bouchon à hélice satanique qui nous fait tous passer pour des guignols... On a trop de vécu pour n'avoir pas rigolé), le gérant de parc aquatique qui râle en arrière-plan sur ceux "qui ne disent pas chocolatine, comment voulez-vous que ça aille, avec des gens comme ça... Pain au chocolat, j'ten ficherais..." (oui, idem : le vécu... et on a rigolé encore), le requin qui s'annonce sur une musique composée de chants de gorge tellement étranges qu'on cligne de yeux (à défaut de pouvoir le faire avec les oreilles)... Marina Foïs est agréable et attachante en gendarme zélée qui ne veut pas partir à la retraite avant d'en avoir fini avec le squale, Christine Gautier est un bon second rôle en flic myope qui galère à aider les collègues, ce qui retombe souvent sur le personnage sur mesure de Jean-Pascal Zadi (on repense à son "Merci, Eugénie..." blasé face à la bouée qu'elle lance à dix mètres de lui, et on sourit bêtement). L'Année du requin, dont le speech était déjà dévoilé dans l'ouverture de Teddy, nous fait maintenant rêver d'un film d'extra-terrestres et de poulpes géants (la phrase est lâchée si gratuitement ici, qu'on espère qu'on tient là le prochain délire des Boukherma). En revanche, il faudra revoir ses goûts musicaux, car mettre La Kiffance, même pour rigoler, c'est un coup à vider une salle de cinéma. On reste compatissant envers la majorité qui a passé un pénible moment devant ce nanar d'été, mais subjectivement on assume d'avoir souri aux Pom'Potes. Prochainement, les bouchons de Cristaline.