Pendant une journée, on suit Abu Leila, la cinquantaine à l‘allure altière, ayant été juge pendant 10 ans auprès de la cour de justice d’un pays arabe. On lui a demandé de revenir en Palestine afin de participer au développement de son pays.
Malgré sa compétence, son expérience et ses références, le juge Abu Leila ne peut exercer sa profession en raison de complications administratives et d’incessants changements politiques. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, il emprunte le véhicule de son beau frère pour exercer le métier de taximan.
Avant de partir travailler, il fait une promesse à sa femme, celle de rentrer tôt à la maison pour fêter l’anniversaire de sa fille.
Les chauffeurs de taxi sont de formidables observateurs de la société. Lors de son périple il rencontrera un véritable panel de la population palestinienne : retraité, jeune couple d’étudiant, ouvrier, policier démotivé, ancien prisonnier, religieuse etc.
Qu’il est difficile pour un juriste de vivre dans un pays où la Justice fonctionne peu ou pas ! Abu Leila tache cependant de rester honnête et digne, bien que n’exerçant pas son métier de juge, il tient à répandre la bonne parole du Droit et de la Loi. Il croit ou bien semble toujours obstinément croire en la Justice, quitte même à adopter une attitude qui semble inadaptée dans un environnement ubuesque où la survie implique de faire des concessions aux règles.
Le réalisateur, Rashid Masharawi, livre une œuvre douce et amère, parsemée d’humour malgré le contexte difficile. Il parvient à éviter l’écueil du manichéisme et de la victimisation en se montrant critique, voir même acerbe envers israéliens et palestiniens.
Bienvenue dans un monde violent où le Droit appartient au plus fort où les positions idéologiques se confondent tellement que l’on s’y perd. La jeunesse est fascinée par la violence et souvent ne veut plus croire plus en la vie.
Dans un pays ou même les ânes perdent la raison, la voie pour le cynisme et le nihilisme est toute tracée.
Le masque de " prophète de la Loi " du juge finira par se fêler un instant pour laisser échapper une colère, expression de la volonté de la majorité de la population qui n’aspire qu’à vivre, simplement vivre, dans un monde éloigné des belliqueux de tous bords.
C’est un film engagé sans être trop militant, qui raconte une histoire simple sans s’enliser dans de complexes considérations géopolitiques. Si vous ne savez où aller, je vous recommande de faire une petite course dans le taxi du juge Abu Leila.
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=6UDUcgr_Xrc