Qu'on encense Bertrand Bonello me laissera toujours coi.
Certes il a apporté en quelques films un style bien particulier, très personnel qu'il ne cesse de faire grandir de film en film.
Mais tout de même. Son penchant pour la perversité me gêne, ses tentatives auteuristes expérimentales de laissent de côté, ses films m'emmerdent.
Le tout est si photographique que c'en est figé. Mort. Lent.
Une horreur.
La première scène donne le ton : sadique et pervers dans l'intrigue, cadré et sombre dans la photographie, barré et lunaire dans la bande son, morbide et lent dans l'intrigue.
Entre anachronismes (autant musicaux que stylistiques : split screen à l'appui) et déconstruction chronologique, le film est véritablement imbitable.
Actrices superbes, visages magnifiés. Mais perversité à tous les étages.
Certes parler d'une maison close sans montrer une ombre de sexe aurait été délicat. Mais c'est justement par la façon parfois malsaine et inutilement brute que Bertrand Bonello me dégoûte et me perd. Avec ses accents Pasoliniens, ses scènes d'orgies désespérées, ses soirées vides, le film est un bon témoin d'une époque où épouse et prostituées se partagaient un homme. Aux costumes très réussis s'ajoutent des décors importants (le souligne la dernière scène) qui plongent véritablement dans l'époque.
Mais on ne peut pas aimer ce film.
Trop sybillin et déroutant pour être plaisant, trop perché dans l'image et morbide dans le ton pour être plaisant. Horriblement étirés, jusqu'à parfois frôler le vide abyssal (trente minutes en moins auraient été idéales), le film nous offre de longues scènes gratuites et inutiles à la pelle. De quoi et nous déranger et nous faire chier.
Heureusement, tout n'est pas si gratuit.
C'est en tous cas ce que semble nous vouloir dire Bonello, avec ses métaphores bidons ("oh la jolie pétale de rose qui tombe") et ses scènes à messages dont on ne perçoit pourtant jamais l'idée (message si grossier qu'il en devient ridicule de la scène finale, filmée avec un téléphone sur le périph' parisien...).
C'est en quelques sortes un film si vide qu'il n'est témoin que de la conscience de son auteur d'avoir un style particulier.