Grosse surprise en découvrant cet « Appartement » dont je connaissais l'existence sans chercher plus que ça à le voir : alors que je m'attendais à une histoire de mœurs et d'intrigues amoureuses de jeunes gens vivant sous le même toit, ce n'est pas du tout, du tout ça ! Nous avons en réalité à faire à un authentique thriller (enfin, plus ou moins, j'y reviendrais), avec intrigues, disparitions, mystères, personnages souvent ambigus... Gilles Mimouni est clairement un admirateur de maître Hitchcock, chaque rebondissement semblant s'inspirer des classiques du « boss », offrant un suspense loin d'être déplaisant à suivre, où il n'est vraiment pas évident de joindre toutes les pièces du puzzle, l'intrigue s'avérant parfois assez maligne.
Toutefois, admirer ne veut pas dire égaler, loin de là, et cela se ressent : Mimouni essaye quelques effets proprement ridicules, ayant encore plus mal vieilli 25 ans après. Cela manque franchement de maîtrise, de précision, versant parfois dans le grandiloquent, appuyée par des ralentis grotesques (notamment au début), nuisant clairement à l'intérêt de l'œuvre. De plus, s'il y a un certain charme à voir ces individus se croiser, se frôler, se rater, souvent à une poignée de secondes, rappelant ce temps pas si lointain où les téléphones portables n'étaient pas maîtres du monde, à force d'en user et abuser, cet aspect finit par légèrement agacer, d'autant qu'il est omniprésent.
Enfin, aussi malin soit-il, lorsqu'on se penche un peu sur le scénario, difficile de ne pas voir que celui-ci est assez vain, dans ses enjeux comme situations, même « boosté » par sa construction et ses zones d'ombre, à l'image de certains protagonistes insaisissables une partie importante du récit, finalement aussi manipulateur qu'humain. Avec le recul, « L'Appartement » apparaît surtout comme un vivier de futurs grands noms : Vincent Cassel, la sublime Monica Bellucci (dont j'avoue ne pas bien comprendre le fort rejet que j'avais sur son jeu d'actrice lorsque j'étais adolescent
(et quel délice de la voir danser sur « Le Temps » de Charles Aznavour!)),
Sandrine Kiberlain dans un rôle important mais très secondaire et à un degré moindre Romane Bohringer et Jean-Philippe Écoffey, n'ayant pas tant percé alors qu'il est pourtant le meilleur des cinq.
J'aurais même pu aller jusqu'à six étoiles pour ce côté plaisamment manipulateur, mais le dénouement est tellement (doublement) ridicule que cela m'est impossible : comme quoi, mieux vaut être parfois prévisible si c'est pour éviter de faire n'importe quoi. Et si l'on regrette que ce genre de scénarii soit désormais impossible avec nos amis portables, on reste partagé entre malice de l'entreprise et pauvreté du propos : s'inspirer de « Hitch » et faire (presque) illusion, c'est bien, y mettre le contenu nécessaire, c'est mieux.