D'entrée, on trouve à Antoine, le personnage de Robert Lamoureux, quelques airs de famille avec les figures loufoques de Philippe de Broca. Antoine est le héros sympathique de cette comédie gentiment amorale de Michel Deville, où un modeste employé de quincaillerie se transforme en escroc particulièrement malicieux.
La transition est brutale où le tranquille et effacé commerçant devient un prédateur sans scrupule. Et d'ailleurs c'est son passage de l'état de citoyen docile à celui d'ennemi de l'ordre social qui semble constituer pour Michel Deville, avant même les malhonnêtetés d'Antoine, le caractère subversif du film. Les deux escroqueries qui forment l'essentiel du récit résonnent comme une revanche sur une existence morne, au point qu'Antoine
préfère la prison à la non-reconnaissance de ses forfaits.
Robert Lamoureux forme avec Christine Dejoux, l'assistante d'Antoine si on peut dire, un couple inattendu, un vrai duo de comédie. La mise en scène de Deville est légère, spirituelle, qui participe pleinement de la fantaisie du sujet, notamment par le montage, qui transporte les personnages d'un point à l'autre en éludant le mouvement. Les deux comédiens sont très biens.