Julio Medem n'a jamais rencontré beaucoup d'écho en France, considéré au mieux comme un sous-Almodovar. Il avait pourtant commencé très fort avec Vacas, L'écureuil rouge et Tierra avant de signer Les amants du cercle polaire, sans doute son meilleur film, placé sous les auspices de l'amour fou. Après des oeuvres plutôt moins réussies que plus, dont le très mauvais Ma ma, le voici de retour (pas sur grand écran en France hélas) avec un long-métrage qui renoue avec son amour du pays Basque dont il est originaire et les histoires emberlificotées et dramatiques teintées de fantastique et d'onirisme qu'il affectionne plus que tout. Paradoxalement, alors que le film dépasse les 2 heures, tout semble aller presque toujours trop vite. Pas assez de temps pour s'arrêter sur la psychologie des personnages, L'arbre de sang caracole sans cesse et on n'est pas loin de se perdre dans plusieurs intrigues mêlées qui n'ont pas peur de forcer sur le romanesque, le mélodramatique et l'étrange (le côté roman-photos est revendiqué). Les vaches (oui, c'est une obsession du cinéaste) y jouent parfois le rôle du destin et quand elles ne traversent pas un pare-brise, il peut arriver que l'une d'entre elle tombe d'un arbre (sic). La trame du film, qui s'oriente peu à peu vers la tragédie en révélant des secrets enfouis, ne brille pas par sa crédibilité mais c'est une constante du cinéma de Medem, cet appel impérieux d'une fiction obligatoirement romantique et maudite où les forces telluriques (et bovines) se mêlent aux jeux et aux errements des humains. Il est facile de rejeter L'arbre de sang si l'on est adepte d'un cinéma cohérent et carré mais, avouons-le, même en cédant en général à la fantaisie de Medem, il est assez pénible d'avaler la dernière demi-heure du film qui nous sert les coups de théâtre et les actes violents sans interruption et jusqu'à l'indigestion.