Dans cette valse politique et sociale, Eric Rohmer décrit ses personnages par leurs opinions sur différents sujets, et surtout par la déclarations/déclamations de ces opinions, plus ou moins assumées, développées, ou au contraire éphémères. Le chassé-croisé de ces personnages typiquement rohmeriens n’est donc pas cette fois un chassé-croisé sentimental, mais purement social et dialectique. L’arbre, le maire et la médiathèque s’avère donc l’un de ses films les plus audacieux, mais aussi l’un des plus drôle. Doté d'une ironie permanente et sous-jacente, le film saisit les contradictions dans lesquelles sont pris les personnages, entre belles valeurs et intérêts plus immédiats. Les acteurs vedettes, interprètes de leurs propres clichés (Dombasle joue la parisienne bourgeoise éthérée, Fabrice Luchini l’instituteur emphatique amoureux de ses propres logorrhées), côtoient les habitants du village vendéen, apparaissant quant à eux dans des séquences d’interview. On retrouve ici le goût de Rohmer pour les acteurs non professionnels, pièce très importante de ce petit chef d'oeuvre très ancré dans le réel.