Robert Bresson était probablement l'un des plus grands cinéastes, son cinéma est un concentré de pureté, de spiritualité, avec une intelligence d'écriture du scénario rare, et d'une chorégraphie cinématographique assez unique.

L'argent est l'ultime film de Robert Bresson - cinéaste qui a grandit dans la ville de Riom qui se situe dans le Puy de Dôme, qui est totalement oublié dans la région, alors qu'il fait parti des plus importants, novateurs du vingtième siècle, qui a inspiré les plus grands de Godard en passant par Tarkovski ou Bela Tarr- qui raconte la descente du haut de la pyramide social jusqu'au plus bas de cette pyramide, de l'homme aliéné par l'argent, et de la chute d'un jeune ouvrier à la suite de faux billets fabriqués par de jeunes bourgeois plein d'ennui et de vide existentiel, et des conséquences qui suivront de la propagation de ces faux billets.

Un scénario parfait, l'un des rares films de l'histoire du cinéma où chaque seconde est nécessaire, chaque seconde fait sens, tout en progressant en parfait accord, en parfait harmonie, en un cheminement unique digne des plus grandes symphonies, vers un final terrifiant, et une dernière image troublante.

Le film est une pièce unique, hors temps, universel, comme une caméra qui observe le bout du monde, dans un moment sublime de la création, entre sagesse, maturité, empathie, l'humanité est observé de près, les personnages autistes, sans émotions, vides, nu, où l'argent est le moteur même du vide contemporain qui nous anime tous. Jusqu'au final parfait.

Une scène qui est profondément marquante, c'est celle où l'ouvrier, victime du pouvoir de l'argent, martyre et bouc émissaire de cette société, après avoir été arrêté et jugé pour la détention de faux billets à son insu, ira en prison, entre temps son fils mourra et sa femme partira définitivement, une fois dehors le martyre n'est plus qu'un loup solitaire, qui signera progressivement son arrêt de mort, dans cette scène le martyre se lavera les mains du péché qu'on lui a imposé. Cette scène ne dure que deux minutes mais elle est representative de l'œuvre de Bresson, un cinéma de paix, où le mal et le bien n'existe pas, nulle part.

Puis la fin (Spoiler), l'homme errant trouve refuge chez un vieux couple, des personnes magnifiques, mais il sera dénoncé par eux, car ces "pauvres gens" ont eux même batti leurs survie avec leurs propres moyens précaire. L'homme errant provoquera sa propre chute, se sentant trahi, sans aucune foi ni amour envers l'humanité, il les tuera, la hache à la main, bras face à la croix du christ. Il n'y a ni bien, ni mal, juste des perdants qui survive comme ils peuvent, et des "concepts" bourgeois comme prison.

L'homme attend sa mort dans un café, il attend l'arrestation... La dernière image est troublante, terrifiante, d'une beauté rare, les gens se groupent devant l'arrestation, et ils regardent l'intérieur du café vide, comme si chacun attendent avec crainte de reprendre leurs rôle observant l'intérieur pour pouvoir y retourner sans risque.

Ou deuxième possibilité d'analyse, celle de l'attente du "grand méchant loup" de ces gens qui ne comprennent pas, car leurs visions du mal est différente, ils ne comprennent pas pourquoi ce martyre est arrêté, qui pour eux ne représente rien de ce qu'ils croient être le mal.

Et aussi une critique du cinéma en général, comme "vous attendez une chute hollywoodienne pleins de pathos sans queue ni tête, non vous venez juste de voir la chute réelle, elle est juste troublante, singulière et réfléchi", puis aussi bien sur la foule d'humains rongés par une vision hollywoodienne du monde.

L'argent de Bresson est ultime, hors temps, car il est malheureusement de plus en plus d'actualité, mais tout aussi important pour une analyse des "concepts" bourgeois qui eux ont toujours existé et qui existera toujours.

Robert Bresson était un vrai punk, bien caché, loin du monde, sans artifice, un "prêcheur" observant dans le silence et la banalité la chute du monde.

Hmurcek
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le 7 juil. 2024

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