Comment j'aurais mieux fait de me masturber (ma vile anale éthique)
Ce qu'il y a de bien avec Bresson, ce qu'on ne peut guère lui reprocher, c'est une forme certaine de cohérence. Il déteste et méprise ce qu'il appelle le cinéma, et, avouons-le, cela se voit dans la plupart de ses "films"...
J'ai eu pendant longtemps une faiblesse coupable pour le monsieur, pour quelques films regardables, pour mon amour des petits détails quotidiens, pour son Condamné à mort qui, lui, est une vraie réussite, enfin, pour beaucoup de raisons, mais jamais pour cette spécificité si particulière à son art que j'ai toujours détesté.
J'ai toujours détesté sa façon de prétendre refuser les "artifices" du cinéma, comme si les siens avaient seuls droit de cité. J'ai toujours détesté sa façon de faire travailler ses "modèles" alors que, avec beaucoup moins d'effort, Jean-Luc Azoulay arrivait peu ou prou au même résultat avec les siens.
J'ai toujours détesté ses facilités pompeuses au montage, son mépris pour la narration, sa symbolique lourde et permanente qui tient lieu de tout.
En fait, j'ai toujours bien aimé certains Bresson malgré lui, en imaginant à chaque fois quel meilleur film l'abandon de ses postures grotesques aurait pu donner.
Ici, après avoir longtemps massacré Dostoievski, Bresson s'attaque à Tolstoi avec la même parfaite incompréhension de son sujet.
L'histoire, qui aurait pu intéresser, est noyée dans un monceau d'artifices pénibles que rien ne peut sauver du désastre. Une photographie de mauvais téléfilm, des cadrages moyens, les pires interprètes du monde, forcément, un travail sur le son particulièrement inintéressant et la ferme volonté d'ennuyer au plus vite quiconque oserait aborder le film sans faire partie intégrante de la secte de ses idolâtres.
La bonne nouvelle pour le reste de l'humanité, c'est que celui-là, c'est son dernier, nous pouvons enfin reposer en paix.