Trois médailles en chocolat dont deux césars, deux comédiens que je n'aime pas : c'était déjà cinq bonnes raisons pour moi de ne pas voir ce film. Et puis, me ravisant, je me dis : un million d'entrées en salles en 1978, ce récit doit avoir un tiroir-caisse à la place du coeur et j'ai fini par le revoir... Arte facilite souvent ce genre de retrouvailles.
Revu car je l'avais complètement oublié ; plutôt de mauvais augure !
Millionnaire (pour un film à la gloire du fric, c'est séduisant !) pas mal, mais cette année-là, "Midnight Express" caracolait en tête du box-office avec lui six millions de visiteurs, talonné par "la cage aux folles"... Tiens, presque un titre qu'on pourrait transposer aux responsables de la banque du film qui sont vraiment "zinzins" (pas normaux).
Ce film a été enfanté par des gens très sérieux, eux ! Christian René Marcel Gillet de Chalonge, dit Christian de Chalonge, qui écrit et réalise ici le troisième de ses neuf films. Il a aussi mis en scène quelques épisodes de la série des Maigret avec Cremer.
Agé aujourd'hui de 82 ans (en 2019), on n'en sait pas grand chose sinon qu'il est le fils d'un important responsable de la banque de France. Le mec doit donc savoir de quoi il parle... Coscénariste de cette déroute bancaire, le nom de Pierre Dumayet ne dira pas grand chose aux moins de trente ans. C'est pourtant un de ceux qui a contribué aux fondements de la télévision française, parfois avec son complice Desgraupes. Un érudit historien émérite disparu en 2011... Avec de tels pères, on ne pouvait donc guère s'attendre à une aventure du genre "Bienvenue chez les ch'tis"" (le réalisateur est pourtant né à Douai) mais plutôt à un documentaire vulgarisé (mais pas vulgaire)...Pas folichon donc comme histoire basée sur des faits réels, et alimentant le fiel des détracteurs de l'activité bancaire. Enfin, activité si l'on peut dire puisque les banquiers sont des improductifs nécrophages.
Question casting, le meilleur côtoie le pire ! Le meilleur c'est évidemment Michel Serrault qui n'a pas craint de mettre en péril sa grande popularité en jouant le rôle d'un banquier véreux. Son interprétation vaut ce qu'elle vaut mais je n'ai pas réussi à transposer ce brave comédien, plutôt généralement marrant ou sensible, en crapule du détournement bancaire... Je n'ai pas trouvé Trintignant plus crédible et je l'apprécie plutôt au théâtre.
Quant à Deneuve, c'était pour moi figure-emblême d'une catastrophe annoncée : elle joue toujours d'une manière aussi "aristo-robotisée". Je lui préférai et de beaucoup sa soeur : Françoise Dorléac, seulement voilà, ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier...
Ce film est long et aussi plaisant à découvrir que la récapitulation mensuelle de vos débits bancaires, et ça semblera même interminable à certains, mais les matheux et juristes y trouveront leur compte... Insupportable est aussi la soprano qui ajoute à notre agacement, mais heureusement sans abuser.. Evidemment, depuis 1978, des magouilles financières, on en a connues bien d'autres et celle-là ressemble au gosse qui va piquer en douce quelques euros dans le sac de sa mère à côté.
La plus futée de cette aventure aura été la productrice du film : Michelle de Broca (épouse du réalisateur) qui aura fait, elle, un bon placement !
Arte le 18.10.2019