À travers ce film, Robert Guédiguian a voulu retracer l'histoire du groupe de résistants communistes FTP-MOI qui fut organisé et mené par un homme Missak Manouchian, arménien exilé en France. Au cinéma, ce sujet a déjà été abordé par un autre cinéaste, Cassenty, dans "l'Affiche Rouge" sans oublier le célèbre poème d'Aragon chanté par Léo Ferré et bien d'autres.
Le groupe fut finalement capturé par les nazis fin 1943, certains membres exécutés en 1944 et d'autres déportés. Pour ma part, je ne veux retenir que l'aspect "Résistant" de ces jeunes gens qui, bien que, pour la plupart d'origine étrangère, se battirent pour la France et qui, pour cela, méritent notre respect.
Que Robert Guédiguian, dont on connait les affinités politiques, ait voulu ou non atténuer certains aspects sulfureux de l'arrière-plan politique du moment, est un sujet à lui tout seul qui dépasse très largement le cadre de cet avis.
Je me contenterai donc de ne parler que du film.
Et concernant la mise en scène, je n'ai pas été franchement impressionné. Il y a tout un aspect un peu décousu au départ, peut-être normal, car avant d'être constitué en "groupe Manouchian", les jeunes agissaient ici et là un peu livrés à eux-mêmes. Rapidement le film se concentre sur trois ou quatre personnages laissant de côté les autres. La mise en scène m'a paru trop sobre en ce sens qu'elle aligne les scènes sans vraiment motiver le spectateur qui a déjà du mal à s'y retrouver entre ces jeunes et leurs familles. Un exemple typique qu'on retrouve assez souvent dans le film est le conflit générationnel entre des parents attentistes ou obéissants et des jeunes qui veulent en découdre et s'opposent à leur attitude. Pourquoi pas, c'est probablement vrai mais dans ce cas, cette relation aurait dû être un peu plus creusée pour mieux impliquer l'intérêt du spectateur, créer de l'empathie. C'est peut-être au niveau des dialogues qui sont bien souvent sans grand intérêt qu'il y avait un effort à faire.
Paradoxalement, une des scènes les mieux réalisées est celle de la relation de l'inspecteur Pujol et de la petite amie du résistant Marcel car crée un élément de suspense (qui n'ira pas loin, d'ailleurs).
Peu de personnages du film génèrent de l'empathie à part Mélinée Manouchian dont le personnage a justement été un peu plus travaillé. Encore que la scène du retour de son mari du camp de Pithiviers aurait pu être bien mieux filmée et la faire apparaître sous forme d'une belle tradition arménienne (par exemple). Beau rôle pour Virginie Ledoyen.
Quant à Ariane Ascaride et Gérard Meylan, habituels comparses de Guédiguian, ils sont un peu là, de mon point de vue, pour donner le change sur ces valeureux bons français anonymes différents de la concierge moucharde et d'un flic pas net du tout (JP Darroussin).
Je ne sais pas trop quoi penser de la figure christique d'un des résistants lors d'une scène de torture avec en fond sonore l'aria de la Passion selon Saint Matthieu de Bach. C'est beau, bien entendu, mais est-ce bien approprié ? Allez, après tout, pourquoi pas, soyons "open mind" !
Film contrasté donc, auquel on n'adhère pas si facilement à des personnages trop schématiques. C'est un peu dommage.